Brésil : «Même les dieux ont peur de mourir»

Article : Brésil : «Même les dieux ont peur de mourir»
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10 juillet 2014

Brésil : «Même les dieux ont peur de mourir»

Il y a des défaites qui restent amères… notre Observateur portugais en visite en Égypte, Alex Caire, a été inspiré par les pharaons et a été pris d’une tirade poétique qu’il nous livre d’Alexandrie…

Au Brésil …. ! Quel Brésil ?

 

Cette phrase lapidaire au début du film du graphiste et cinéaste français Enki Bilal, Immortel Ad Vitam ( 2004), résume à elle seule la stupéfiante coulée du Brésil face a la machine de guerre allemande 1/7, ce mardi soir 8 juillet 2014.

L’histoire du film relate un défi lancé à Horus, mythique dieu égyptien mi-faucon-mi humain, qui se voit obligé de féconder une Terrienne sous peine de trépasser; ce que Horus accomplit non sans grande difficulté.

Le « dieu » blessé du Brésil

Qui était l’Horus du Brésil ? Ne cherchez pas, c’est Neymar, arraché à l’histoire de la XXe Coupe du monde, par une sortie sur civière avant la fin du match de son équipe contre la Colombie. Sans lui, les dieux brésiliens tremblent et trépassent, face à une équipe allemande fidèle à sa réputation militaire en matière de football : cohérence, persévérance et performance.

Le Titanic carioca coule …

Après 4 buts marqués par le Mannschaft en 26 minutes, avec une facilité déconcertante, face à une défense trouée, n’ayons pas peur des mots, le pays commence déjà à redouter le désastre – Ronaldo, ancienne gloire, bouche bée dans les tribunes, casque vissé sur la tête, n’en croit pas ses yeux. Puis tombe un cinquième but en l’espace de 30 minutes ! Du jamais vu … Il vient par ailleurs de se faire chiper son record, détenu depuis 2002, par Miroslav Klose… La boucle est bouclée…

La génération des enfants gâtés du football mondial n’est pas seulement terminée mais bien enterrée. Un autre âge du football commence, plus brutal certes et surtout dénué du charme légendaire de certaines individualités capricieuses qui ont traversé les décennies et enchanté des millions d’amateurs. C’est ainsi : une page est tournée pour de bon.

Nous avons admiré Pelé, Didi, Vava, Gilmar, Amarildo, Zagalo et Guarincha depuis 1958; Socrates, Zico, Eder, Carlos Alberto depuis 1982 ; viendront ensuite Cafu, Romario, Bebetto, Tafarel, Rivaldo et Ronaldo qui nous ont charmé depuis 1994 et la liste ne serait complète sans plusieurs autres talents …

Pourquoi ces étoiles brésiliennes nous hantent l’esprit ?

La réponse est d’une simplicité enfantine. Bien que le Brésil se distinguait des autres nations par des individualités qui faisaient son art du jeu, il disposait, jadis, d’une véritable ÉQUIPE que nous avons observée, médusés, totalement absente face à l’adversaire.

Fred ( Astaire)? Perdu, David Luis (Groucho Marx)? impuissant, Gustavo (Sammy Davis, Jr) ? Sauve qui peut, Paulinho (Rambo) ? Inefficace, Hulk ( Monstre aux pieds d’argile) ? simulateur, comme pour accentuer davantage cette farce …

7/1

Après 42 matchs à domicile sans défaite depuis 1975, la bande à Neymar – celle-ci ne pourrait être qualifiée d’équipe, concède une lourde défaite, laissant échapper la Coupe du monde par la grande porte et plongeant 200 millions de Brésiliens dans la stupeur et la désolation …

 » On ne peut expliquer l’inexplicable », soupire Julio César, après le match. Inexplicable ? Sans doute pas. Les dieux comme les humains passent et trépassent, avec ou sans Neymar. Ah… pardon, avec ou sans Horus.

Alex Caire, Observateur de France 24 à Alexandrie, Égypte

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Commentaires

Serge
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Bravo pour ce beau texte :)