René Nkowa

« Après Brésil-Allemagne, plus rien ne sera jamais comme avant »

PENSÉE DU JOUR | Quelques jours après, on ne s’est toujours pas remis de cette soirée du mardi 8 juillet 2014. Cette soirée où l’impensable s’est réalisé. Et à mon sens, personne n’est capable d’expliquer pourquoi l’équipe du Brésil est passée totalement à côté de ce match.

Dans mon pronostic d’avant-match, j’avais prédit une « explosion en vol » de l’équipe du Brésil, mais en prévoyant un désormais « petit » 3 buts à 0 pour l’Allemagne. Les raisons de ce pronostic étaient simples :

  • les Allemands avait démontré qu’ils étaient des clients sérieux, de par leur solidité et une maîtrise des évènements qu’aucune autre équipe n’avait démontré jusque-là pendant cette compétition.
  • les Brésiliens par contre sortaient de deux rencontres (contre le Chili en huitièmes de finale et contre la Colombie en quarts) où ils avaient eu toutes les peines du monde à passer.
  •  les joueurs de la Seleçao étaient sous le feu des critiques, notamment à cause de leurs pleurnicheries. Lors du match d’ouverture, les larmes de Neymar, même si elles n’étaient pas compréhensibles, pouvaient être acceptées. Mais on a eu droit lors des rencontres suivantes à un véritable concours de pleurs. Même ceux qui étaient la caution solidité et expérience de l’équipe (Thiago Silva et David Luiz) sont partis dans d’interminables pleurs. C’en était devenu ridicule. Et ça démontrait une chose : ils avaient du mal à encaisser la pression qui s’exerçait sur eux. Et face à l’équipe la plus forte du tournoi, ça allait être problématique.

J’avais prédit une explosion en vol de la Seleçao pleurnicharde face à la rigueur et la froideur allemande. Mais je n’aurais jamais imaginé que ce serait d’une telle ampleur. Ni moi, ni personne d’ailleurs.

401 secondes qui ont tout changé

Depuis ce soir-là, j’ai lu plusieurs dizaines d’articles, écouté une bonne douzaine de chroniqueurs et de consultants de football à la télévision et à la radio pour comprendre comment le Brésil avait pu voler en éclats. D’emblée, ils étaient tous hébétés. Beaucoup se sont lancés dans l’analyse de ces 401 secondes cauchemardesques des Brésiliens. Beaucoup ont appuyé sur l’impact de l’absence de Neymar et de Thiago Silva. Beaucoup ont mis l’importance de ce score sur l’armada allemande.

Sauf qu’on ne peut pas expliquer ce match de façon rationnelle.

  •  l’Allemagne est forte, certes. Mais c’est une équipe qui n’a pas eu un parcours tranquille durant ce Mondial. Il y avait eu cette raclée infligée au Portugal (4-0) d’entrée. Mais les autres matchs s’étaient vraiment disputés : un nul 2-2 contre le Ghana, une victoire par la plus petite des marges (1-0) sur les Etats-Unis, un match compliqué en huitièmes contre une vaillante Algérie (2-1), un quart de finale serré contre la France (1-0). Tel était le parcours de la Nationalmannschaft. Ils avaient certes prouvé une certaine solidité, mais rien de véritablement transcendantal.
  • beaucoup d’observateurs ont pointé du doigt l’équipe actuelle du Brésil, sensée être l’une des plus faibles de l’histoire de ce pays. Faiblesse aggravée par l’absence des deux joueurs les plus probants : le sauveur Neymar et l’assurance tous risques défensive Thiago Silva. Justificatif insuffisant. Les Brésiliens avaient des choses à faire valoir qui dépassent l’absence de quelques joueurs ou la faiblesse de l’équipe. Pour couronner le tout, l’équipe est dirigée par Luis Felipe Scolari, un entraîneur expérimenté, secondé par un Carlos Alberto Parreira qui n’est plus à présenter. Rien n’explique le trou noir qu’a traversé le Brésil entre la 23e et la 29e minute. Si les joueurs sur le terrain étaient dépassés, le coach pouvait faire des ajustements. Mais on peut le comprendre : comme nous tous, il n’arrivait pas à réaliser ce qui était en train de se passer. Il n’arrivait pas à comprendre comment ces joueurs, qui ont une expérience certaine, réussissaient à se faire éparpiller aussi facilement par les Allemands.

L’un des évènements les plus marquants de l’histoire du football s’est déroulé sous nos yeux mardi dernier. L’un des séismes les plus puissants de ce jeu s’est produit dans le stade Mineirao de Belo Horizonte. Le match de tous les records. Les Brésiliens n’avaient jusqu’ici jamais avalé ce qui s’est passé lors de la finale de la Coupe du Monde de 1950 au Maracaña de Rio, quand ils ont perdu contre l’Uruguay dans les derniers moments du match. Ils avaleront encore plus difficilement cette cruelle humiliation en prime time planétaire que leur a infligée l’Allemagne.

Un score de 7 buts à 1, en demi-finale, qui n’a pas fini de nous laisser interdits. Et il y a encore à craindre pour le Brésil qui rencontrera en match de classement les Pays-Bas ce samedi soir, dont le jeu se rapproche de celui de l’Allemagne.

 

Réné Jackson Nkowa, Mondoblogueur à Douala


Ces gants de feu

BILLET D’HUMEUR | Durant ce Mondial, quatre portiers ont particulièrement brillé. D’ingrat, le poste de gardien de but tend à devenir valorisé. Et ce changement d’état d’esprit, c’est en grande partie à Vincent Enyama, Tim Howard ou autre Guillermo Ochoa que les goalkeepers du monde entier le doivent… (Crédit photo : Philipp Zachl, Wikipedia Commons)

Oliver Kahn, l’ex-capitaine de la Nationalmannschaft avait été le premier – et reste à ce jour le seul – gardien de but à avoir reçu la récompense de meilleur joueur de la Coupe du monde. C’était lors de l’édition 2002.

Il avait glané cette récompense sur toute la durée de la compétition, mais plus particulièrement en raison d’un Allemagne – Etats-Unis en quarts de finale pendant lequel il avait à lui seul maintenu son équipe à flots, les Américains ayant transformé ses buts en Fort Alamo. Ils en avaient fait le siège pendant toute la seconde mi-temps. Pour rien.

Gardien, un poste ingrat ?

Le poste de gardien de but est le poste le plus particulier du football. Le gardien de but est le seul joueur autorisé à prendre la balle de la main, dans une certaine zone du terrain certes. Il porte un maillot dont la couleur est différente de celle des vingt et deux autres acteurs sur le pré (arbitre compris).

Un poste ingrat, car historiquement, le rôle de gardien de but est dévolu au joueur réputé comme étant le plus mauvais, balle au pied. Beaucoup de gardiens de but, même de très grands, vous diront que, ils ont occupé pour la première fois les cages le jour où ils n’ont pu trouver leur place parmi les joueurs de champ.

Un poste ingrat, car l’occupant malgré lui, le malheureux se retrouve souvent au centre de toutes les critiques à cause des buts qu’il a encaissés et est taxé de premier responsable de la contre-performance de son équipe. Gardien-passoire, va !

Poste ingrat, car dans les clubs de football, surtout au niveau professionnel, il ne fait pas bon être relégué au rôle de gardien de substitution (on calme ton aigreur en t’appelant deuxième ou troisième gardien), réduit à souhaiter le malheur du gardien titulaire. Lorsqu’il est particulièrement en forme, ce dernier peut même jouer tous les matchs de son équipe.

Quatre remparts au Brésil

Pendant ce Mondial, il ne faisait pas bon être le remplaçant de Vincent Enyeama (Nigeria), de Guillermo Ochoa (Mexique), de Manuel Neuer (Allemagne) et de Tim Howard (Etats-Unis).

Tous les quatre ont eu le bonheur d’être le dernier rempart de lignes défensives clairement aux abonnés absents. Vincent Enyeama a délivré des parades de classe et des arrêts-réflexe dignes de Spiderman. Guillermo « Memo » Ochoa a été l’homme du match Brésil – Mexique. Il a particulièrement énervé les attaquants de la Seleçao (on se rappelle du regard exaspéré que Neymar lui a lancé après qu’il a enrayé, une fois de plus, l’une de ses nombreuses tentatives). Le génial Ochoa a récidivé contre les Pays-Bas, ce qui n’a malheureusement pas suffi. Lui qui est arrivé à la coupe du Monde sans club en verra sûrement se bousculer à son portillon.

Manuel Neuer s’est particulièrement décarcassé pour éviter à l’Allemagne d’être éliminée face à une très bonne Algérie. N’eût été ses arrêts et surtout ses interventions dignes d’un vrai libéro, les Germains ne seraient pas sortis aussi heureux de cette rencontre.

Tim Howard a longtemps sauvé les meubles étatsuniens lors des huitièmes de finale contre la Belgique. Il a tout bonnement subi un pilonnage en règle de la part des Belges. Les statistiques sont éloquentes : la Belgique a effectué 38 tentatives, 27 étaient cadrées et Tim Howard en a sorti à lui seul 15 ! Un record en Coupe du monde! Il avait été tout aussi héroïque face à l’Allemagne en troisième match de poule. Tous ces gardiens de but ont tenu tête aux attaquants surexcités tout au long de ce tournoi.

Sentinelles salvatrices

Désormais, le gardien de but n’est plus un simple faire-valoir. Ce sont de vraies sentinelles salvatrices. Lesquelles sentinelles inspirent les jeunes.

L’un des plus grands gardiens de but de la dernière décennie, l’Italien Gianluigi Buffon, a d’ailleurs révélé qu’il a su qu’il voulait devenir gardien de but en voyant le Camerounais Thomas Nkono jouer pendant la Coupe du monde de 1990.

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Les champions du Monde du ridicule

Le premier tour de ce Mondial brésilien s’est bouclé, et les premiers huitièmes de finale ont déjà livré leur verdict. Nous avons déjà vécu plus de 52 matchs d’une intensité à son paroxysme, parfois dans un suspense à couper au couteau. Les observateurs sont formels et unanimes : cette vingtième édition de la Coupe du monde est la plus spectaculaire de ces vingt dernières années. (Crédit photo : Ailura, Wikimedia Commons)

Des buts, du rythme, des coups de théâtre, des renversements de situation, une ribambelle de buts… Les footeux en ont eu pour leur soif pendant la première quinzaine de ce Mondial brésilien.

Mais au milieu de ce climat footballistique, beaucoup se sont illustrés de manière moins glorieuse . Beaucoup ont agi comme des imbéciles. Beaucoup se sont ridiculisés. Cette première partie du Mondial nous a parfois réservé un spectacle hallucinant. Passage en revue des troupes.

Les Lions indomptables du Cameroun

Ils détiennent la palme d’Or parce qu’ils ont commencé à se ridiculiser avant même d’avoir mis le pied dans l’avion qui devait les amener au Brésil. « Pas de fric, pas de Coupe du monde« , qu’ils disaient.

En 2010, les Bleus ont refusé de descendre du bus, en 2014, les Lions indomptables ont refusé de monter dans l’avion. Le ridicule ne s’est pas arrêté là : le Cameroun a perdu ses trois matchs, en encaissant 9 buts et en ne marquant qu’un seul.

Les personnages clés de ce désastreAlexandre Song, qui a donné un coup de coude totalement inexplicable à Mandzukić lors de Cameroun-Croatie. Benoît Assou-Ekotto qui a administré un coup de tête à son propre coéquipier durant le même match et Alain Nyom qui a poussé méchamment Neymar dans le dos lors de Brésil-Cameroun. Lequel Neymar s’est fait justice en corrigeant le Cameroun (4-1).

Le Ghana, même combat, même résultat

En ex æquo sur la première marche du podium du ridicule, on retrouve la sélection ghanéenne qui, comme celle du Cameroun, a plus joué en équipe en dehors du terrain que sur en menaçant de faire grève pour les primes avant leur troisième match contre le Portugal. Résultat : une mallette de trois millions de dollars en liquide a été dépêchée depuis Accra.

Ici, les hommes forts sont Kevin Prince Boateng, insipide sur le terrain, qui a montré qu’il savait par contre cogner en s’en prenant à l’un des membres du staff à l’aide de son iPad. Il a été imité par Sulley Muntari., et les deux hommes ont été logiquement virés du groupe ghanéen. John Boye, pris en train d’embrasser ses cent mille dollars de primes. Lequel a montré sa gratitude en marquant un but contre son camp quelques heures après pendant le match contre le Portugal. On n’oubliera pas le fait qu’ils aient refusé dans leur ensemble de répondre aux journalistes en zone mixte après leur élimination.

De vrais mercenaires on vous dit. Quand on sait que les joueurs iraniens ont joué avec le même jeu de maillots pendant tout le tournoi et n’ont pas perçu de primes !

Le cas Suarez

Luis Suarez est un attaquant génial. L’un des tous meilleurs arpentant actuellement les terrains de football. Mais aussi l’un des plus couards et fourbes que la terre ait portés. On le connaissait déjà pour sa main lors du quart de finale qui opposait son pays l’Uruguay au Ghana pendant la Coupe du monde 2010. On connaissait ses paroles et son comportement racistes.

Luis avait déjà mordu un adversaire à deux reprises : quand il jouait à l’Ajax d’Amsterdam et une autre fois en tant que sociétaire de Liverpool. Et il a remis ça il y a quelques jours. Cette fois, sa victime fut le malheureux Giorgio Chiellini. Suarez s’est lamentablement justifié en disant que sa bouche avait malencontreusement percuté l’épaule de son adversaire. Neuf matchs de suspension bien mérités.

Sauf que l’autre larron de l’histoire, la FIFA, a eu un comportement tout aussi ridicule dans l’affaire. Un comportement qui a réussi à faire passer Luis Suarez pour un martyr. La sanction était certes justifiée, mais ne nécessitait absolument pas que des délégués de la FIFA débarquent en plein entraînement de l’Uruguay, arrachent son accréditation à Suarez, lui fassent plier derechef ses bagages et mettent manu militari dans le premier avion pour Montevideo. Un comportement peu cavalier et intolérable. Une attitude qui a ému le peuple uruguayen et l’Amérique du Sud dans son ensemble. Et même poussé Giorgio Chiellini, la victime de la morsure, à déclarer que le comportement de la FIFA a été excessif.

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Les USA, Rihanna et la FIFA

BILLET D’HUMEUR | Pour cette Coupe du monde 2014, les Etats-Unis peuvent compter sur un soutien de poids en la personne de Rihanna. Sur les réseaux sociaux, la chanteuse s’affirme comme une véritable fan de soccer, sensible aussi bien aux bonnes performances de ses « Yanks » qu’à la plastique de Kevin Prince Boateng. Au point d’en faire une ambassadrice du ballon rond ? (Crédit photo : Liam Mendes, Wikimedia Commons)

Aaah ! Les Etats-Unis ! Les ‘Yanks‘ comme ils s’appellent eux-mêmes. Une équipe qui a participé aux sept dernières Coupes du monde. Qui n’est plus une surprise. Qui a débarqué au Brésil avec la ferme intention de faire quelque chose.

Le Ghana l’a appris à ses dépens, en encaissant le but le plus rapide de la compétition et le troisième plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde, après seulement 30 secondes de jeu. Et dans la nuit de dimanche à lundi, c’est le Portugal de Cristiano Ronaldo himself qui a échappé in extremis à une défaite face à ces mêmes ‘Yanks‘.

L’Oncle Sam ne fait aucun compromis

Il faut dire que cette équipe des États-Unis est celle qui jouit d’un des états d’esprit les plus irréprochables : les joueurs ne rouspètent jamais, ils ne tombent pas pour rien, ils ont toujours cette volonté de jouer. De jouer et de gagner.

A la suite du match nul contre le Portugal (2-2) qui laisse ce groupe H totalement ouvert pour le troisième match, on entend déjà chuchoter des possibilités d’arrangement avec l’Allemagne. En effet, les deux équipes se rencontreront et un nul fera leurs affaires à toutes les deux, quel que soit le score de Portugal-Ghana. Mais c’est mal connaître l’oncle Sam et ses enfants. Ils ne feront aucun compromis. Que les teutons se préparent à aller au mastic.

« Clint Dempsey I love you »

Aaah ! Les joueurs américains. En plus d’être talentueux, combatifs, opiniâtres, ils sont si beaux ! Jermaine Jones, Marcus Beasley, John Brooks, Kyle Beckerman et ses dreadlocks, Graham Zusi et son chignon parfait, Clint Dempsey… Ils sont tous craquants ! De véritables éphèbes. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont ces dames.

La Coupe du monde se passe aussi sur les réseaux sociaux. Principalement sur Twitter. Et sur Twitter, le beau sexe montre que le football n’est pas qu’affaire de testostérone. Les dames rivalisent de tweets. Mais sur Twitter comme dans la réalité, les hommes et les femmes ne sont pas attirés par la même chose : là où un gentleman voit un loupé monumental de David Beckham, les groupies remaquent plutôt sa mèche de cheveux qui tombe si délicatement.

Shakira, J Lo… et Rihanna

Depuis 2010, la Coupe du monde est devenue une affaire de people. Prenons par exemple Shakira. Elle ne s’est pas contentée de chanter l’hymne officiel du tournoi en 2010 : elle a en outre assisté à beaucoup de rencontres. Avec une assiduité particulière pour ceux de l’Espagne. On a tous fini par comprendre pourquoi cette préférence pour les ibères : la belle Colombienne a fini par tomber dans les bras du défenseur de la Roja, Gerard Piqué. Avec un bébé à la clé.

Dans la même veine en 2014, nous avons Jennifer Lopez. Mais depuis la calamiteuse cérémonie d’ouverture, elle a disparu des radars.

Et puis, il y a Rihanna.

 Rihanna, une vraie fan de soccer

Il est de notoriété publique que les Américains, pour la plupart, s’en contrebalancent du soccer. Pour eux, c’est le sport que leurs enfants pratiquent à leur bas âge, pour aguerrir leurs muscles encore tendres. Et c’est un sport de femmes. Aucun intérêt.

Mais pour Rihanna, c’est tout l’inverse. La jeune et sulfureuse Barbadienne nous dévoile l’une de ses nombreuses facettes depuis 10 jours : celle d’une véritable fan de football. Pas de football américain, mais de soccer ! Elle nous gratifie à nous ses followers de tweets qui transpirent l’émoi. Comme par exemple celui qu’elle a posté au terme de la rencontre qui opposait les USA au Portugal, dimanche soir : « Whew! My first breath for the last 95 minutes. » (Ouf! Je respire pour la première fois depuis 95 minutes).

Ou cet autre lors d’Argentine – Iran « Messi… We are looking at you » (Messi… On t’observe). Encore un autre: « Yaaaaaassssssss France » au moment où les hommes de Didier Deschamps mettaient une dérouillée à la Suisse. « I hate watching games like this! Two of my fave teams » (Je déteste ce genre de match dans lequel deux de mes équipes favorites s’affrontent) lors d’Allemagne – Portugal

Une excellente ambassadrice pour le football ?

Mais comme toute midinette qui se respecte, elle n’a pas manqué de jeter son dévolu sur l’un des fougueux jeunes gens qui arpentent les terrains brésiliens. Et le bienheureux fut Kevin Prince Boateng, le fantasque attaquant ghanéen. Une photo, un petit texte assez parlant et au final, boum, plus de 22.400 retweets à ce jour !

La FIFA ferait bien de se pencher sérieusement sur son cas. Elle coûterait sûrement quelques millions de francs suisses, mais elle ferait une excellente ambassadrice du football. Mais on ne poussera pas la mansuétude au point de lui offrir d’interpréter la chanson officielle de la prochaine Coupe du monde. On ne parierait pas dessus en tout cas.

De toutes les manières, comme on le dirait dans la langue de Shakespeare, « good job, Miss Riri ! »

 René Jackson NKOWA, Mondoblogueur à Doula, au Cameroun


Carton rouge (injustifié) : les horaires de cette Coupe du monde

BILLET D’HUMEUR | Quoi ? Le match Côte d’Ivoire – Japon se jouait à deux heures du matin ? J’ai beau avoir une affection particulière pour ce pays, j’ai beau admirer la culture multiséculaire nipponne, j’ai beau admirer les geishas et les shoguns, j’ai beau avoir été porté par les mangas durant l’adolescence, mais non, je n’ai pas regardé le Japon jouer à deux heures du matin ! (Crédit photo : Sdo216, Wikimedia Commons)

Le foot c’est quand même un sport injuste, quand on y réfléchit bien. Ses défenseurs les plus farouches disent : « C’est le sport le plus accessible, celui dont la pratique ne nécessite pas de se vider les poches. Le foot c’est l’expression même de la démocratie ». On ne va pas revenir ici sur les salaires qui peuvent varier de un à un million, quelle que soit la devise qu’on choisit. Le foot est injuste, car tout le monde n’y a pas accès. Il s’agit ici du direct à la télé.

On ne va pas non plus revenir sur les droits de retransmission des matchs et des spéculations autour qui feraient passer le CAC40 pour une cour d’école. A chaque Coupe du monde, les prix, que dit-on, les droits (il faut bien embellir les choses) des retransmissions battent leurs propres records.

 Hâlte à la sphéricité de la planète !

Le football est injuste car, pendant cette Coupe du monde, pendant que le Japon en décousait avec la Côte d’Ivoire – perdait 1-2, accessoirement – la moitié des habitants de cette grosse boule bleue dormait du repos du bon semeur. D’où la tentation qu’on pourrait avoir de remettre en cause la sphéricité de la planète qui nous porte, car des gens dorment pendant que le Japon joue. Mais on se gardera bien de sortir de sous le tapis des questions qui en d’autres temps avaient posé quelques soucis à Galilée.

Tout ceci pour dire que la programmation de ce tournoi laisse perplexe.

Jennifer Lopez, les Chinois et six millions d’euros

Tout a commencé par le début de tout : la cérémonie d’ouverture. Qui a débuté à 15h15, heure de Sao Paulo. Mais depuis quand les cérémonies d’ouverture se déroulent en plein après-midi ? Généralement, elles débutent au coucher du soleil. Mais on tempère. Le Brésil c’est le pays de la fiesta, du Carnaval de Rio, de Copacabana ; donc les brésiliens nous préparent quelque chose. « Plus on monte haut, plus les chutes sont rudes », dit un dicton. On a eu droit à vingt cinq minutes montre en main d’un show d’une insipidité indescriptible. Six millions d’euros ça a couté ! Cela fait cher la minute. Donnez ces six millions aux Chinois et ils vous organisent le truc dans l’espace !

Mais il y a eu Jennifer Lopez. Pendant que nous admirions sa plastique en tous points irréprochable, elle empochait au moins la moitié de ces six millions. Pendant qu’elle se trémoussait langoureusement, son banquier devait être en train de compter les pépettes. Désolé, mais on n’a trouvé aucune autre raison décente d’expliquer le navet qu’a été cette cérémonie d’ouverture malgré les sommes engagées.

Nous nous éloignons du sujet.

 Quand la météo s’en mêle…

Le lendemain, Mexique-Cameroun. Programmé à 13 heures, heure de Natal. Maintenant on va débuter un match quand le soleil est au zénith. De mieux en mieux. Les joueurs de ces deux équipes seront cuits à la fin du match, dans les deux sens du terme. Mais le ciel en a décidé autrement en lâchant un véritable déluge avant et pendant le match. Déluge sous lequel l’équipe du Cameroun et le trio arbitral se sont noyés. A Natal, à 14 heures, les projecteurs du stade étaient déjà allumés. Il faisait plus nuit que jour.

Et la nuit dernière, le Japon a joué à deux heures du matin. Heure de Douala. Et a perdu.


Carton jaune : le foot est un sport de voyous, et c’est mieux ainsi

BILLET D’HUMEUR | Pour le blogueur camerounais René Jackson Nkowa, le football n’est pas un sport épargné par la triche et les coups tordus en tout genre. Mais c’est justement ce qui fait son charme… (Crédit photo : Andrea Sartorati, Wikimedia Commons)

J’ai remarqué une étrangeté il y a quelques jours en regardant le match amical qui opposait le Mexique au Portugal : l’arbitre du jour portait un flacon sur sa hanche. Pourquoi ? Je n’allais pas tarder à le savoir.

Faute. Coup franc. L’arbitre place le mur à plus ou moins neuf mètre du ballon. Dégaine sa bonbonne. Et s’en sert pour tracer un trait blanc sur la pelouse. Le mur ne doit pas traverser ce marquage. Le jeu doit être juste. Soit. Sauf que le football a toujours été jalonné de coups tordus en tous genres. Et c’est aussi ça qui fait le charme de ce sport.

Les scandales, habitué des Mondiaux

On ne doit pas retenir de cette nouvelle édition de la Coupe du monde que les dribbles chaloupés de Lionel Messi, on ne doit pas retenir que les coups francs magistraux de Cristiano Ronaldo, on ne doit pas retenir que les débordements latéraux-repiquages dans l’axe-frappes enroulées d’Arjen Robben (les connaisseurs appellent ça « La Spéciale »). Et enfin, on ne devra pas retenir que la victoire du Cameroun le 13 juillet au Maracaña de Rio !

Ce qui fait la Coupe du monde et le football en général, ce sont aussi leurs scandales. Ces fourberies qui font rentrer une compétition dans la légende. En 2010, on a eu le but refusé de Lampard contre l’Allemagne. Depuis 2006, on se demande ce que Materazzi a bien pu dire à Zidane pour qu’il pose de façon si douce son illustre crâne sur sa poitrine. En 2002 il y a eu l’arbitrage scandaleux du huitième de finale Corée du sud – Italie. En 1994, il y a eu le contrôle positif de Maradona. En 1986, il y a eu la main de Dieu du même Maradona. En 1982, Harald Schumacher sèche Patrick Battiston d’un coup digne des maîtres du kick-boxing … Et l’arbitre n’a pas bronché. Quelques jours auparavant, un Emir koweïtien descendait sur la pelouse et réussissait à faire annuler un but marqué par la France contre l’équipe de son pays.

Donnez-nous du scandale !

En vérité, beaucoup plus de gens se rappellent de la main de Maradona au Mexique en 1986 que de la victoire de l’Argentine au terme de cette même Coupe du monde. Le peuple veut de la sueur, du sang et de la polémique. Ce sont ces ingrédients qui permettront de tenir pendant les quatre prochaines années, jusqu’au Qatar ( ?)

Donc si un mur ne peut plus réduire d’un petit mètre la distance qui le sépare du ballon lors d’un coup franc, si les ballons doivent être bardés d’électronique pour permettre de savoir combien de nanomètres du cuir a passé la ligne, si on ne peut plus gagner dix insignifiants mètres lors d’un lancer de touche, si on ne peut plus contester les décisions arbitrales, alors ça n’en vaudra plus la peine. Si le football professionnel devient un sport policé, lisse, sans aucune aspérité, il faudra fermer boutique. Car nous les footeux, on devra se replier sur les rencontres de sixième division – c’est-à-dire les matchs entre quartiers voisins – pour retrouver le doux parfum du scandale. Ou en termes plus justes, les matchs qui se terminent par une joyeuse distribution de coups de poings.

PS : Ceci n’est pas une apologie de la violence sur les terrains. 🙂

René Jackson NKOWA, Mondoblogueur à Douala, au Cameroun