Team Mondobs

Brésil-Croatie : « Le vrai crack, c’est Oscar ! »

ILS ONT DIT | Cette fois ça y est, le coup d’envoi du Mondial a officiellement été donné jeudi soir. Et le match d’ouverture entre le Brésil et la Croatie (3-1) n’a pas manqué de faire réagir les Observateurs et les Mondoblogueurs du monte entier. Petit tour de ces commentaires du Sénégal au Cameroun, en passant par l’Algérie, le Népal et… le Brésil bien sûr !

Mame FATOU DIOUF (Sénégal)

« Trois colombes de la paix lâchées par trois enfants comme pour conjurer un mauvais sort a venir. Visiblement, cela n’a pas fonctionné pour les Brésiliens avec ce but de Marcelo contre son camp. Mais l’espoir est vite revenu dans les rangs de la Seleçao avec l’égalisation de Neymar et la victoire au bout du compte. On attend avec impatience les autres matchs ! »

Nelson DESHOMMES (Haïti)

« Si Neymar est bel et bien l’étoile fulgurante de cette sélection brésilienne, dans ce match j’ai surtout apprécié le jeu très plaisant du jeune Oscar. Un crack discret qui mérite votre attention au cours de cette compétition. »

Stéphane HUËT (Népal)

« J’ai trouvé le match assez ennuyeux jusqu’à vers la 75e linute, quand les Croates ont commencé à appuyer (vraiment dommage pour eux). Fred a été inexistant, sauf pour une glissade qui donne le péno. Enfin, je propose qu’on arrête avec Neymar : le vrai patron de la Seleçao, c’est Oscar. »

Serge KATEMBERA (RDC/Brésil)

« Côté spectacle, ok, c’est beau et patati patata… mais deux choses m’ont vraiment gênées jeudi soir. Premièrement, le public présent dans le stade ne ressemblait en rien au Brésil. Que des Blancs, la population noire est totalement exclue de cette Coupe du monde parce qu’elle n’a simplement pas les moyens d’aller au stade. C’est pire que lors de la Coupe des confédérations. Ensuite le public – classe aisée, blanche et supposée éduquée – a entonné des chants d’une incroyable grossièreté contre Dilma Rousseff…« 

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Abdelkrim MEKFOULDJI (Algérie)

« Branle-bas de combat chez moi en compagnie de mes petites filles qui voulaient absolument voir l’ouverture de la Coupe du monde et l’évolution de Neymar, leur star. La chaîne BeIN Sports en a décidé autrement avec le paiement obligatoire des droits. TF1 ne passait plus et il avait fallu faire appel à un technicien pour revenir à la chaîne algérienne terrestre, qui avait acheté les droits de retransmission de l’ouverture et du match d’inauguration. Cependant, la qualité de l’image n’était pas au top et mes filles – tout autant que moi – avons perdu plus de 50 mintes de jeu. J’en veux vraiment à ce lobby qui a interdit à une simple famille algérienne de vibrer au rythme du Mondial, tout autant que les amoureux de ce sport si populaire ! »

Benjamin POTET (France/Brésil)

« On parle toujours d’une « race à part » quand il s’agit des latéraux brésiliens. Longue tradition : Nilton Santos, Roberto Carlos, Cafu… Ils ont la particularité de bien se projeter et d’être tout de même assez rapide dans le repli. Il va falloir que Marcelo et Daniel Alves laissent leurs charettes au garage et faire quelque chose de leurs montée car ce n’est plus possible! Le Brésil ne peut pas se reposer seulement sur Oscar pour gagner le Mondial ! Si Felipão ne met pas les choses au clair, la suite de la compétion va être très difficile ! »

Andriamialy RANAIVOSON (Madagascar)

« Ce matin au bureau, débrief avec les collègues, qui reçoivent tous Canal+ ou TF1. Résumé : « Les médias français sont trop critiques envers l’équipe du Brésil, qui a pourtant gagné sans trop forcer, c’est à dire qu’il y a encore un gros potentiel. On va voir ce que l’Equipe de France va produire ! ».

Ulrich TADAJEU (Cameroun)

« Le duo Neymar – Oscar va nous montrer de belles choses pendant ce Mondial. Ils nous ont montré un beau football. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont inscrits les trois buts du Brésil. On notera surtout que Marcelo est le premier à inscrire un but lors de ce Mondial, mais un but en arrière et non avant comme c’est souvent le cas. »

Kpénahi Traoré (Burkina Faso/France)

« Quand j’ai entendu Hulk, j’ai immédiatement levé la tête pour voir le personnage. J’ai souri parce que j’imaginais le géant vert courir sur la pelouse du stade de Sao Paulo. Mais ce Hulk là, il ne s’énerve pas, du moins, sauf si on lui prend le ballon. Il ne devient pas vert non plus, mais son gabarit – 1,80 m pour 85 kg – dissuadait sans doute tout adversaire de se frotter à lui. Dommage, Hulk n’était pas au meilleur de sa forme dans ce match d’ouverture. Il était totalement à côté de la plaque, au point d’être remplacé avant la fin de la rencontre. J’avais vraiment cru que ce joueur brésilien s’appelait Hulk, et non Givanildo Vieira de Sousa. Il a hérité de ce surnom de son père depuis son enfance. »

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Espagne : Les primes de la Roja, indice de « l’opium du peuple »

Lorsque la presse a dévoilé les primes que toucheront les coéquipiers d’Iniesta, l’information a quasiment été passée sous silence. Miquel Puig, contributeur à Barcelone, a replacé ces sommes dans le contexte comparatif. Édifiant.

La séléction espagnole a effectué son stage de préparation aux États-Unis avant de s’envoler vers le Brésil. Durant ce stage, les joueurs ont appris que la Fédération, qui dépend du gouvernement de Mariano Rajoy, a décidé de leur proposer une excellente rétribution en échange de leurs “efforts” au cas où la Roja passerait les phases de poule et/ou deviendrait championne pour la 2ème fois consécutive.

La presse espagnole a publié ces chiffres, pour le moins effarants :

  • 720.000 euros s’ils gagnent la Coupe du monde
  • 360.000 euros s’ils sont finalistes.
  • 180.000 euros s’ils arrivent en demi-finales
  • 120.000 euros s’ils jouent les quarts de finale
  • 60.000 euros s’ils se qualifient pour les 8èmes de finale.

Des chiffres qui représentent 20 % de plus que ce qu’ils avaient “gagné” en 2010.

« Travailler 45 ans sans boire et sans manger« 

Pas mal si l’on tient compte de la persistante crise économique que les Espagnols endurent depuismaintenant six ans, avec plus de 5 millions de chômeurs et un décalage des salaires qui font que la plupart des employés n’arrivent pas à terminer leur mois. Je lisais un journal en ligne de Barcelone, et un commentaire m’a marqué. Ce dernier disait :

“Il me faudrait travailler 45 ans sans cesse, sans manger, sans boire, sans rien dépenser, sans payer du logement et sans payer aucune taxe pour épargner ces 720.000 Euros”. Et voilà, ces privilégiés du ballon auront empoché le même chiffre en 15 jours s’ils ont la chance d’obtenir la Coupe. Et ça concerne même les remplaçants qui n’auront surement l’occasion de ne jouer aucun match ! »

La Roja, reine des primes ?

En lisant la nouvelle, on pourrait conclure que l’Espagne est un pays très riche et que cette décision, c’est comme donner à manger aux pigeons alors que la dette de l’État espagnol atteint déjà 100 % du PIB. Mais la réflexion qu’on en tire est encore plus douloureuse si l’on compare ces chiffres avec ceux d’autres puissances du football comme, par exemple, la France, l’Allemagne ou le Brésil:

  • Si la France devient Championne du Monde, chaque joueur percevra 330.000 Euros.
  • Si l’Allemagne rentre chez elle avec la Coupe, le montant pour chaque joueur sera de 300.000 Euros
  • Si c’est le Brésil, la prime pour chaque joueur sera de 330.000 Euros.

En résumé : les joueurs espagnols, qui sont déjà les plus bien payés du monde par leurs clubs, percevront plus du double que ce que toucheront les joueurs  de la France, du Brésil ou de l’Allemagne. Est-ce normal ? Je crois que non.

Des raisons… ailleurs ?

La question de fond c’est que le gouvernement espagnol, malgré sa majorité absolue au Parlement, se trouve dans une situation d’extrême faiblesse morale : beaucoup de citoyens critiquent les milliards donnés aux banques, la corruption politique, les décisions judiciaires mettant des familles modestes à la porte…

La solution ? Doper les Espagnols avec 15 jours d’intense bombardement en foot, de façon à ce qu’ils ne pensent pas à autre chose que les performances de leur équipe.

Chaque victoire de la “Roja” fera donc bouillir le sang des supporteurs espagnols jusqu’à l’extase et il va sembler que tous les problèmes quotidiens n’existeront plus. Si, par chance, les joueurs espagnols rentrent avec la Coupe du monde sous le bras et leur succulente prime dans la poche, la population va déborder les rues et les places enflammées de drapeaux bi-couleurs, et les cris enthousiastes en faveur de la Sélection et de l’Espagne vont retentir dans l’air aux quatre coins de la Nation. On sera très fier d’être espagnol et M. Rajoy aura gagné aussi son pari.

Mais si le scénario inverse se produit et que la sélection espagnole est éliminée prématurément de la Coupe, alors plus dure sera la chute : je vois déjà les gros titres de la presse critiquer « les 60.000 euros de consolation » que les footballeurs espagnols vont recevoir. 60.000 Euros ? Le salaire de cinq années pour la plupart des Espagnols !

La pression est donc lourde sur les coéquipiers d’Iniesta. La veille de l’intronisation, du nouveau roi Felipe VI prévue pour le 19 juin, l’Espagne jouera son deuxième match, peut être déterminant, contre le Chili… comme quoi, le sport et la politique s’enchevêtrent souvent…

Miquel PUIG, Observateur de France 24 près de Barcelone


Allemagne-Cameroun : un match nul… et le retour de l’espoir ?

Mohamadou Idrissou, symbole de la versatilité des Camerounais (Crédit photo : Wikimedia Commons)
Mohamadou Idrissou, symbole de la versatilité des Camerounais (Crédit photo : Wikimedia Commons)

COUP DE GUEULE – A Douala, ils ont été nombreux à suivre le match Cameroun-Allemagne dimanche. Très sceptiques avant le match, les habitants de Douala avaient pourtant retourné leur veste au coup de sifflet final…

Décidément, qu’on le veuille ou non, les Camerounais constituent un peuple à part entière… Alors que les plus sceptiques s’étaient remis à douter quant aux chances des Lions indomptables durant la prochaine Coupe du Monde au Brésil, le match nul face à la Mannschaft (2-2) fait renaître des souvenirs qui suscitent les espérances les plus élogieuses. Et les plus folles.

Jeudi, à l’issue de la rencontre test face au Paraguay, et qui s’était soldée par une défaite (1-2), ils vouaient tous leurs héros aux gémonies. A commencer par Mohamadou Idrissou, tête de turc d’une liste de joueurs critiqués et vilipendés à tort ou à raison, mais qui est surtout coupable d’avoir raté un penalty à la 89ème minute du match contre le Paraguay, penalty qui aurait pu permettre aux Lions Indomptables de ne pas s’incliner.

Avant cette prestation, décevante sur le résultat mais convaincante dans la manière et dans les essais tactiques, le public camerounais jetait déjà l’anathème sur le sélectionneur Volker Finke, accusé de tous les maux de la Terre (mauvaise sélection des joueurs, mauvais choix, mauvaise communication, etc.). Ce même public avait d’ailleurs craché sur l’implacable 2-0 infligé à la Macédoine, considérant ce sparring-partner comme négligeable, et outrepassant le clean sheet réalisé par une défense de fer (Matip-Nounkeu), pourtant expérimentale…

Rien ne va chez les Lions indomptables

Et puis, il y a eu ces problèmes de primes, les uns se plaignant que les Lions en demandent trop, les autres pas assez. Les uns disant que l’argent du football doit aller aux footballeurs, et les autres se battant pour qu’on investisse – enfin ! – dans le championnat local pseudo-professionnel.

Mais que dire alors de ce brillantissime 2-2 obtenu par cette équipe qu’on disait pourtant moribonde, face à une équipe d’Allemagne favorite du prochain mondial ? Et qui plus est, en terre germanique ? Que dire de la magnifique résistance imposée par les coéquipiers de Samuel Eto’o, face à l’une des organisations tactiques les plus explosives du monde ? Que dire de l’ouverture du score des Camerounais, saupoudrée de l’inspiration de leur capitaine, ou encore de l’égalisation finale de Choupo-Moting, qui démontre que cette équipe a du caractère, et qu’elle ne doute pas pendant longtemps ?

Que dire de cette prestation de grande classe, sinon qu’elle remet tout un peuple derrière son équipe et son sélectionneur, et derrière son comité provisoire de gestion. A moins que cela ne change avec le prochain match d’ici le prochain match contre la Moldavie… encore une fois ?

Ecclésiaste DEUDJUI