Boukari Ouédraogo

NIGERIA : Il y a 20 ans, le premier but de Rashidi Yékini

BUT HISTORIQUE | Rashidi Yékini, surnommé le taureau de Kaduna, a inscrit le premier but du Nigéria en Coupe du Monde le 21 juin 1994 aux États-Unis contre la Bulgarie. Si le colosse nigérian n’était pas un technicien comme la plupart de ses coéquipiers, il s’illustrait par sa puissance. (Photo Wikimedia Commons)

L’image que l’on retient de Rachidi Yékini décédé le 4 mai 2012, c’est cette photo prise alors qu’il agrippe les filets après son but, le premier des Super Eagles à la Coupe du Monde, contre la Bulgarie. 

C’était le 21 juin 1994. Le Nigéria s’était imposé 3 à 0 face aux Etats-Unis. Rashidi Yékini est de la génération des Sunday Oliseh, Daniel Amokachi, Georges Finidi, Stephen Keshi. Si le Nigéria a fait malgré un match nul lors de la première rencontre contre l’Iran, il pourrait se rattraper contre une équipe coriace de la Bosnie en passant à ce premier but et à cette première victoire nigériane au mondial. C’était sur le continent américain en plus. 

Depuis ce premier but, le Nigéria en a inscrit 16 autres en Coupe du monde (7 en 1994 aux USA,  6 en France en 1998, 1 seul au Japon en 2002, et 3 en Afrique du Sud) et a encaissé 21 buts en quatre compétition, soit une moyenne de 1,4 buts marqués par matchs contre 1,75 buts encaissés.

Le Nigéria n’a pas marqué dans son premier match contre l’Iran. Alors peut-être que la bande à Stephen Keshi ont en mémoire cette prouesse de Rachidi Yekini et des Super Eagles du Nigéria lors de la Coupe du Monde 1994 pour réaliser un exploit contre la Bosnie-Herzégovine ce lundi à 22 heures.

 

Boukari Ouedraogo, Mondoblogueur à Ouagadougou, Burkina Faso


COSTA RICA : Le petit marteau qui casse les gros cailloux

PENSEE DU JOUR | Le Costa Rica est l’équipe surprise de la Coupe du Monde Brésil 2014. Vainqueur de l’Uruguay lors de son premier match, ce pays qui n’a pas de grands noms dans le football a prouvé qu’iln’était pas arrivée à ce stade de la compétition par hasard. Après l’Uruguay (3-1), le petit marteau a assommé l’Italie (1-0). / Photo MadriCR Wikimedia commons.

Le piment d’une compétition comme la Coupe du Monde, ce sont les surprises. Et la grosse surprise de cette Coupe du Monde est la qualification du Costa Rica aux huitièmes de finales du Mondial 2014 en battant l’Italie ce 20 juin  par 1 à 0. Un but de Ruiz suffisant pour obliger l’Italie à cravacher dur contre l’Uruguay lors de la dernière sortie afin de se qualifier.

Pourtant, peu de parieurs ont misé sur cette équipe, absente de l’édition sud-africaine après son élimination par l’Uruguay en barrage. Cette qualification du Costa Rica, est la preuve que le football est en train de se niveler. Les équipes dites « petites », ont leur chance. Il s’agit juste de savoir s’organiser. Et c’est ce que semble avoir fait, le Costa Rica. Le petit marteau a fait mal. Très mal.

Une équipe prête tactiquement et mentalement

D’abord, cette formation a prouvé qu’elle était au top mentalement, tactiquement et aussi physiquement. Campbell, le joueur le plus connu de cette formation et ses coéquipiers ont prouvé qu’ils étaient préparés psychologiquement en battant l’Uruguay (3-1) alors qu’ils étaient menés au score (0-1). Tactiquement, le Costa Rica n’a pas failli en restant bien regroupé derrière mais aussi en mettant l’accent sur ses forces que sont la mobilité et la technicité de ses joueurs.

Le Costa Rica devra servir d’exemple pour les formations africaines incapables de rester concentrées pendant 90 minutes. Cette équipe a prouvé qu’une équipe n’a pas besoin d’avoir de grands noms pour battre les équipes  constituées de pléthore de stars.

Boukari Ouédraogo, Mondoblogueur à Ouagadougou, Burkina Faso


Deux sélectionneurs africains pour briser le mythe du « sorcier blanc »

Sur les 32 équipes présentes à la Coupe du Monde 2014, seulement deux sélectionneurs africains ont pris place sur un banc de touche. Il s’agit de Stephen Keshi du Nigeria et Kwessi Appiah du Ghana. Leur challenge ? Prouver que les entraîneurs africains sont aussi bons que les Européens. (Crédit photo : US Army Africa, Flickr/CC)

Deux entraîneurs africains sur trente-deux équipes, c’est bien peu. Surtout que les autres sélections africaines au Mondial sont entraînées par des entraîneurs venus d’Europe, notamment avec Volker Finke pour le Cameroun, Vahid Halilodiçz pour l’Algérie et Sabri Lamouchi pour la Côte d’Ivoire.

Cela pose toujours la question des « sorciers blancs » qui arrivent en mercenaires sur le continent et qui une fois la compétition finie – que l’équipe gagne ou pas – repartent chez eux ou pour une autre destination. Celui qui arrive ensuite doit tout reprendre à zéro.

Des entraineurs oui, des mercenaires non !

Personnellement, je ne suis pas contre le fait que les entraîneurs européens prennent en main des équipes africaines. Si celui qui peut conduire une équipe africaine à la Coupe du Monde – et pourquoi pas lui permette de remporter le trophée – se trouve aux Iles Galápagos ou au Groenland et qu’on a les moyens d’aller le chercher, qu’on le fasse !

Cependant, je suis opposé aux mercenaires. Il s’agit d’entraîneurs  qui viennent juste pour un bout de temps et qui ne cherchent pas à développer le football local.

Prouver les compétences des sélectionneurs africains

Kwessi Appiah et Stephen Keshi ont tous joué avec leur sélection et porté le brassard de capitaine avec le maillot de leur pays sur les épaules. Ce qui prouve qu’ils sont des meneurs d’hommes et qu’ils sont conscients de l’enjeu.

Ces deux hommes ont un défi, celui de montrer que les entraîneurs africains sont compétents. S’ils ont réussi à se qualifier contre des entraîneur européens, c’est la preuve que sur le continent, il y a des techniciens qui savent lire, décortiquer et contrer des stratégies mises en place par des « sorciers blancs« .

Débuts difficiles

Les deux hommes doivent désormais passer le premier tour de ce Mondial brésilien et faire autant que leurs prédecesseurs à la tête de ces sélections. Le problème, c’est que c’est mal parti : dans un groupe G difficile avec le Portugal, l’Allemagne et les États Unis, le Ghana a raté ses débuts contre les Américains (1-2).

Pour Stephen Keshi à la tête des Super Eagles, il s’agit de prendre sa revanche de 2006. Après avoir été qualifié le Togo, il  a été débarqué et remplacé par un Allemand pour une élimination des Eperviers dès le premier tour. Mardi, il a lui aussi quelque peu manquer ses débuts avec un match nul du Nigeria face à l’Iran.  Le public africain va malgré tout continuer de suivre avec attention la sortie de ces deux représentants africains sur le banc de touche.

Boukari OUEDRAOGO, Mondoblogueur au Burkina Faso


ARBITRAGE : Les Africains seront ils à la hauteur ?

Trois arbitres centraux et six assistants africains vont officier pendant le plus grand événement sportif. Mais au vu de la prestation de certains arbitres lors de différents tournois locaux, on peut se poser des questions sur les prestations que ces derniers auront au pays du football. / Des arbitres burkinabè lors d’un match du championnat local. Photo Boukari Ouedraogo.

22 juin 1986, l’Argentine s’impose 2 à 1 contre l’Angleterre en demi-finale de la Coupe du Monde au Mexique. Diego Maradona ouvre le score pour l’Argentine suite à une faute de main. Et oui, comme celui qu’a marqué Thierry Henry contre l’Irlande. Pour le match de 1986, l’arbitre qui officiait ce jour là était tunisien : Ali Bennaceur. Il n’a rien vu. C’est le but qu’on va appeler plus tard, « La main de Dieu ». L’Argentine s’impose donc après le 2ème but de Maradona, le plus que je considère comme le plus beaux pour ceux que j’ai vu.

12 ans plus tard, l’arbitre marocain, Saïd Belqola officiait avec brio, la finale de la Coupe du Monde Brésil 1998. La France en garde un bon souvenir puisqu’elle s’était imposé 3 à 0 contre le Brésil.

Depuis, l’erreur d’arbitrage de Bennaceur, les instances du football international hésitaient avant de faire confiance à un officiel issu du continent. Les prestations de ces derniers n’ont pas toujours plaidé en leur faveur.

Des exemples à la pelle

Je me pose donc la question de savoir si cette année encore, les arbitres africains seront à la hauteur à la Coupe du Monde. Pour moi qui ai l’opportunité de fréquenter les stades chaque week-end au Burkina Faso, j’ai pu donc voir les arbitres du championnat burkinabè mais aussi des hommes en noirs venus d’autres pays lors de rencontres internationales. Les prestations sont généralement en deçà des attentes.

La preuve : lors de la double confrontation Burkina # Algérie, l’arbitre zambien Janny Sikazwe a été sévèrement critiqué pour avoir accordé un penalty généreux aux Etalons du Burkina alors que clairement, le défenseur algérien avait la main collé sur le corps et caché sur son dos. Le Burkinabè Aristide Bancé a transformé le penalty qui donnait la victoire 3 à 2. Aux Etalons.

Au match retour, c’est l’arbitre Sénégalais Badara Diatta s’est à son tour illustré négativement en refusant un but à l’équipe burkinabè. Mais lors qu’on revoit les images, jusqu’à ce jour, on se demande toujours pourquoi l’arbitre a refusé le but de Charles Kaboré qui aurait pu permis aux Etalons de se qualifier au Mondial Brésilien. Il n’y avait pas de faute avant, ni d’hors jeu. Ensuite, il a mal géré les arrêts de jeu ce qui a suscité la colère des Burkinabè qui ont saisi la FIFA. Même si le Burkina a été débouté, Badara Diatta présélectionné pour la Coupe du Monde a été écarté.

Lors des demi-finales de la CAN 2013 qui a opposé le Burkina au Ghana, l’arbitre Tunisien Slim Jedidi expulse le Burkinabè Jonathan Pitroipa après un deuxième carton jaune pour simulation. Il y avait pourtant faute (même si Pitroipa en a rajouté) et cela a créé un scandale après puisque l’arbitre se serait déjugé lorsqu’il fit son rapport. Une année après, il était l’objet de critique  au Togo lors du match qui a opposé le Maroc au Togo.

Pourquoi ces problèmes récurrents ?

Les arbitres africains seront-ils donc à la hauteur à la Coupe du Monde ? La question se pose à cause de la mauvaise réputation des arbitres de ce continent. Ces derniers seraient facilement corruptibles. Certains manquent de psychologie. Ces messieurs qui évoluent dans des championnats de leur pays qui ont le niveau CFA en France sont souvent impressionnés lorsqu’ils ont en face d’eux, une équipe comportant une pléthore de stars. Pourtant, ce sont eux les maîtres du terrain. Ils doivent contribuer à donner un beau spectacle.

Je pense que les arbitres africains, à l’image de l’Ivoirien Doué Noumendiez que j’ai vu lors du match Chili # Australie (3-1), seront à la hauteur de cet évènement. Tandis que l’arbitre du match Cameroun # Mexique s’est complément troué en refusant deux buts aux mexicains ou celui du match Brésil # Croatie qui a donné un coup de pousse au brésilien Fred, Doué Noumendiez et ses deux assistants ont bien vu que, sur ce qui aurait pu être l’égalisation australien à la 54ème mn, il y avait hors-jeu. Pourtant, ce n’était pas évident.

L’État d’esprit des arbitres africains a changé. Ils sont moins complexés depuis la prouesse de Saïd Belquola puisqu’après d’autres ont suivi comme le Togolais Koffi Codja arbitre en 2002 et 2006 . Les arbitres africains seront à la hauteur à cette Coupe du Monde. Ils seront des Saïd Belqola. Les arbitres africains sont également à la recherche de la gloire qu’ils ne créeront pas de scandale comme l’a fait Ali Bennaceur.  Et pourquoi pas, l’un d’entre eux pourraient officier la finale!

Boukari Ouedraogo, Mondoblogueur à Ouagadougou, Burkina Faso