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Belgique : mais où était votre « Fighting spirit » ?

BILLET D’HUMEUR | A l’image de la Côte-d’Ivoire, de la Colombie, la Belgique a permis à une dandinante équipe d’Argentine de rallier le dernier carré. A mon grand désarroi, car je pense que les meilleures équipes sur le terrain (et non sur le papier) se font éliminer par manque de réalisme. Avec des coaches pour le moins intrigants dans leurs classements.

Non mais M. WILMOTS, qu’est-ce que c’est que ce 4-5-0 qui a joué toute la première mi-temps ? Cet ORIGI d’où le sortez-vous ?  Un attaquant incapable de tirer au goal ? D’exercer le pressing sur une solide défense argentine, mais non moins imperméable ? Un attaquant dont le nombre total de km parcouru durant le quart de finale est égal à ceux de mon footing du dimanche ? B*** S***

Et c’est quoi cette histoire de toujours attendre le dernier quart temps pour accélérer le jeu ? Donner du rythme à des actions qui ont passé toute une mi-temps à se chercher ?

Je pourrais être déçue de la prestation de Hazard mais je pense qu’il n’a pas été associé aux meilleurs relais. Un peu comme Fellaini complètement isolé et dont les nombreuses occasions, malgré la volonté ne pouvaient suffire à faire la différence.

Du nerf une fois !

J’ai un goût amer. Une sensation de match volé. De match vendu. Car je pense que ces équipes avaient mieux à faire. Et je ne comprends pas comment elles n’arrivent pas à développer ce « fighting spirit ».

Fighting Spirit @t0.gstatic.com

Ces défaites à répétition font resurgir des souvenirs de mon éphémère carrière sportive à la Grand Corps malade.

Nous habitions Okola, un bourg aux encablures de Yaoundé. Passionnée de sport et sous l’encadrement de mon père, j’avais réussi à mettre sur pied une équipe de football réunissant les meilleures joueuses de la classe de 3e. Nous avions réussi à vaincre TOUTES les équipes formées par les autres classes de l’établissement et notre succès était parvenu aux oreilles des coaches de la capitale en quête de nouvelles pépites.

Un match amical fut demandé à l’équipe féminine de Canon à l’occasion des festivités du 8 mars 2000. Ngono Mani, ancienne capitaine des Lionnes indomptables pris six de ses valeureuses coéquipières et ensemble, elles débarquèrent dans notre petite localité.

Retenus par des travaux manuels, ma dream team à moi ne débarqua qu’en fin de 1ère période et nous étions menées 1 but à zéro. Je vous passe l’émotion ressentie au moment de remplacer mes coéquipières. Lorsque tout un stade local scande ton nom, tu as tout à faire, mais certainement pas perdre. Quand tout un collectif compte sur toi, tu as le devoir  de te surpasser.

fighting-spirit-image @https://sd.keepcalm-o-matic.co.uk/

Les « pros » la jouaient classe, collectives, spectaculaires. Nous nous visions l’EFFICACITE. Sitôt le ballon récupéré, je cherchais mes partenaires de l’attaque. A force de chercher, d’essayer, nous avons réussi à trouver le cadre et à revenir à la hauteur. Le match fut perdu aux tirs aux buts certes mais nous n’avions pas perdu sur le terrain.

La morale de l’histoire ?

Vous me direz le football féminin est différent du football masculin. Qu’un match amical dans un endroit non identifiable sur une mappemonde n’est pas comparable à un quart de finale de la coupe du monde. Vous aurez raison mais je vous répondrai aussi que le désir de gagner restent les mêmes. Indépendamment du sexe ou de l’enjeu.

Quand on joue contre une « grande » équipe,  on ne cherche pas le beau jeu (bien qu’il puisse nous trouver en route). On cherche l’exploit. Et cet exploit se décroche avec les tripes. Et non avec des constructions de jeu qui accouchent d’une défaite illégale.

Quand on est mené, on ne tourne pas en rond au milieu de terrain. On pousse le ballon vers l’avant et à la moindre occasion, à la moindre faille, la moindre entrevision du but adverse, on déclenche un missile qui à défaut d’entrer, trouvera un pied adverse qui avec beaucoup de chance (parce que la chance ne sourit qu’aux audacieux) la mettra au fond des filets si ce n’est en corner.

Quand on est mené, on valorise au moins les actions de sa défense et de son gardien par des tentatives quitte à ce qu’elles se soldent par des échecs. On aura au moins ESSAYE.

Et c’est ce qui a manqué à la Belgique, à la Colombie, à la France, à la Côte-d’Ivoire et même à l’Algérie. L’ENVIE DE GAGNER. LE DESIR DE CREER L’EXPLOIT. Si un seul joueur ne peut y réussir, un groupuscule peut y arriver.

Shalom !

 

Gaelle Tjat, Observatrice et Mondoblogueuse à Yaoundé, Cameroun