Brésil : Pourquoi le sud du pays siffle-t-il la Seleçao ?

Article : Brésil : Pourquoi le sud du pays siffle-t-il la Seleçao ?
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12 juin 2014

Brésil : Pourquoi le sud du pays siffle-t-il la Seleçao ?

Plus que quelques heures avant le coup d’envoi du Mondial 2014 au Brésil. La #CopadasCopas promise par la présidence Dilma Rousseff va commencer, mais un autre problème est loin d’être réglé. Comment faire pour que les supporters ne sifflent pas la Seleção qui jouera ce jeudi à São Paulo ? Le phénomène peut étonner mais à bien y penser, on peut y trouver des éléments de réponse. En quatre clichés, je vais vous expliquer pourquoi les sudistes sifflent leur équipe nationale. (Crédit photo : Tânia Rêgo/ABr, Wikimedia Commons)

1. Les Sudistes sont plus intelligents

Tout le monde le sait : les gens dusud et du sudeste brésilien sont plus intelligents que ceux du nord et du nordeste. Ils mangent mieux, parlent mieux portugais, sont plus éduqués, sont plus blancs que nous autres du nordeste, leurs cheveux sont plus lisses…

On dit aussi qu’ils comprennent mieux les enjeux sociétaux et politiques du Brésil contemporain. Avec eux, on ne l’a fait pas. Le football, opium du peuple ? Nada ! Ils ont tout compris nos amis de São Paulo, de Rio, de Porto Alegre ou de Paraná.

La Confederação Brasileira de Futebol (CBF) qui a également tout compris organise les matchs amicaux loin des grandes capitales développées où le peuple est plus intelligent. Sauf que pour l’ouverture de la Coupe du monde, aïe, aïe… Impossible de ne pas jouer à São Paulo.

Ceux qui ont vu le match amical entre Brésil et la Serbie ont forcément entendu les sifflets contre Felipe Scolari et sa bande. Rendez-vous jeudi pour le match d’ouverture face à la Croatie

2. Dunga ne comprend rien à la mode

https://noticias.bol.uol.com.br/esporte/2012/10/01/filha-de-dunga-diz-que-criticas-as-camisas-do-pai-a-fizeram-repensar-a-carreira.jhtm
Au Brésil, Dunga est réputé pour sa garde-robe éclectique, comme ici, avec une chemise dessinée par sa fille, la styliste Gabriela Verri.

Il y a quelques années, c’est le gaúcho* Dunga, mythique capitaine de la Seleção qui était l’entraîneur de l’équipe première. S’il était sifflé à chaque match du Brésil – dans son cas, sans aucune distinction régionale – on raconte que c’était à cause de son mauvais goût vestimentaire. Dunga n’hésitaitainsi pas à porter une chemise rose, tee-shirt vert en dessous, des chaussettes vertes et un pantalon, accrochez-vous… gris. Un style éclectique, suggéré par sa styliste personnel de « papa Dunga« , à savoir… sa fille.

Mais son style vestimentaire n’est pas la seule explication de l’impopularité de Dunga, resté connu dans son pays pour les fameux chants entonnés depuis les tribunes: « Adeus Dunga, adeus Dunga… « . **

3. Les Brésiliens préfèrent leurs clubs

Lors du match entre le Brésil et la Serbie, un vieux démon est venu hanter la Seleção : le chauvinisme brésilien.

Eh oui, ils ont leurs défauts nos amis brésiliens. L’un des plus graves est certainement le chauvinisme. Le carioca n’aime pas le paulista, le gaúcho déteste le carioca et le mineiro, le pernambucano a horreur du baiano… et tout le monde déteste le paraibano !

Donc, si la Seleção joue à São Paulo, au stade de Morumbi et que le carioca Fred marque un but comme ce fut le cas la semaine dernière, il sera sifflé par les supporters paulistas qui auraient sans doute préféré voir Luis Fabiano en attaque.

C’est pourquoi, en temps normal, l’équipe du Brésil joue loin des villes ayant des grands clubs de football. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi la seleção jouera à Fortaleza et Brasília ?

4. Avec Mano Meneses, tout va toujours très bien

Ah, Mano. Décidément le Brésil vient de loin. Avec l’ancien entraineur de Corinthians tout allait bien. Enfin, pour lui. Vous savez, le genre de personne qui a toujours la même expression du visage, une façon de parler tellement linéaire que les conférénces de presse de Mano Meneses sont un véritable parcours du combattant pour les journalistes qui n’ont qu’un seul but : rester éveillé jusqu’à la fin.

L’ancien entraîneur de le Seleção est un expert en communication. Enfin, selon lui. Tout est calculé dans son discours au point où pendant les matchs du Brésil, les public criait invariablement, « burro ! burro! burro! «  (idiot, idiot, idiot).

Ci-dessous, une petite parodie représentant l’idiot Mano à l’école répondant aux questions du professeurs Raymundo. Quand on lui demande qui est le meilleur joueur de tous les temps, il répond: « le meilleur joueur de tous les temps est celui qui précède immédiatement le deuxième meilleur joueur de tous les temps ». Mano Meneses, ou quand trop de communication tue la communication…

Serge KATEMBERA, Mondoblogueur congolais qui vit au Brésil

* Ressortissant de l’Etat du Rio Grande du Sul (Capitale, Porto Alegre)

** Adieu Dunga

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Commentaires

Yanik
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Intéressante théorie...je vais regarder le match de ce soir avec une attention particulière pour voir si elle se vérifie!

Serge
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ce n'est pas une théorie ... c'est empirique... mais attention, aujourd'hui d'autres sentiments sont mobilisés autour de cette seleção, y compris la peur de la défaite en ouverture de Coupe du monde....