Abdelkrim Mekfouldji

Quel devenir après l’aventure #Mondobs14 ?

BILLET D’HUMEUR | Le Mondial est terminé pour les joueurs, les supporters mais également pour les Mondoblogueurs de RFI et les Observateurs de France 24, qui vous auront fait ce vivre cet événement durant plus d’un mois et demi. Personnellement, c’est depuis Blida, en Algérie, que je vous ai raconté les exploits de Fennecs. Qu’allons-nous devenir maintenant ? (Crédit photo : filtran aus Edinburgh, Scotland (UK)/Flickr, CC)

Le rideau est tombé sur le Mondial 2014 avec ses surprises, ses joies et ses larmes. Une équipe de 50 contributeurs – un mélange de Mondoblogueur de RFI et d’Observateurs de France 24 – répartis à travers les quatre coins du globe a tenu à animer un blog à dimension mondiale et qui a pu répondre aux vœux de chacune et chacun.  Que vont devenir ces internautes qui ont rendu par écrits et par images ce qu’ils ont ressenti durant un mois devant ce ballon rond, objet de toutes les convoitises ?

Le prochain événement semble être la Coupe d’Afrique des nations devant avoir lieu au Maroc en janvier 2015. Nous formulons le désir de nous rencontrer de nouveau en plaçant la barre encore plus haut, pour la grande joie de celles et ceux qui n’ont que l’Internet pour vibrer, que nos témoignages pour prendre la mesure de tout ce qui touche au sport, à la culture, à la société.

Désolé pour mon  nationalisme…

Blida et l’Algérie ont été témoins des écrits de tout un chacun et sait que ce moyen de communication demeure le lien ombilical nous unissant.

Une prise de vue symbolique de la ville de Blida vous permettra de vous rappeler mes intrusions et toutes mes excuses à celles et ceux qui ont été quelque peu bousculés dans leur nationalisme somme toute légitime.

►►► Pour retrouver tous les articles d’Abdelkrim MEKFOULDJI, Observateur de France 24 à Blida, en Algérie, cliquez ici.


Incident diplomatique entre le Qatar et l’Algérie ?

Raouraoua, le président de la fédération algérienne de football – FAF – a failli créer un incident diplomatique entre le Qatar et l’Algérie. Il a pris sur lui d’emmener toute l’équipe nationale de retour du Brésil au Qatar, sur invitation de l’Emir de ce pays, sans en informer le Ministère de la jeunesse et des sports. Les joueurs ont finalement refusé de s’envoler pour Doha. (Crédit photo : Aero Icarus, Wikimedia Commons)

Dans cette histoire, tout est une affaire de téléphonie mobile : Ooreedo, étant le sponsor officiel de certains joueurs algériens et appartenant de facto à l’Emirat du Qatar, le président de la FAF ne pouvait prendre cette décision d’inviter toute l’équipe alors que la fédération est liée par contrat avec l’autre opérateur Mobilis, un organisme étatique.

M. Raouraoua était venu spécialement du Brésil à Alger pour emmener les joueurs  à Doha sur invitation de l’Emir du Qatar qui voulait féliciter les représentant du monde arabe, entre autres communautés telles que l’Afrique et le Maghreb. Le responsable du football algérien avait déjà nommé en M. Berdja, ancien arbitre, le responsable de la délégation et avait obligé tous les joueurs à être présents à l’aéroport jeudi, et ce malgré l’opposition de Slimani et Djabou.

Les joueurs invoquent la fatigue

Dès l’arrivée de l’avion spécial de Doha devant emmener les joueurs et la délégation, les services de la présidence ont de suite envoyé le ministre des sports, M. Tahmi, à l’aéroport afin de suspendre immédiatement l’opération. Un dialogue plus que poignant s’engagea alors entre les délégués responsables des deux pays et le ministre algérien, qui dut trouver le motif de la fatigue pour refuser l’invitation faite aux joueurs. La solution trouvée était de laisser partir les joueurs ayant signé contrat avec l’opérateur, au nombre de six : Bougherra, Ghoulam, Taïder, Yebda, M’boulhi et Feghouli. La raison du déplacement n’était plus l’invitation adressée par l’émir du Qatar mais la nécessité de se plier au contrat du sponsor Ooreddo et de beIN Sport.

La lutte entre les deux opérateurs devrait prendre fin au début de l’année 2015 mais combien d’incidents seront vécus par les poulains du désormais ex. entraîneur des Fennecs, Hallilhodzic ?

Abdelkrim MEKFOULDJI, Observateur de France 24 en Algérie


ALGÉRIE : Vahid Halilhodzic doit-il rester ?

Avant le match historique de l’Algérie ce soir contre l’Allemagne, une question reste en suspend : le coach bosniaque Vahid Halilhodzic, qui a mené les Fennecs là où ils ne sont encore jamais arrivés, devra t il rester après la Coupe du Monde ? L’avis de notre Observateur à Blida. / Photo Stefan Meisel Wikimedia

Dur de se retrouver à la tête des Fennecs dans un pays où le football demeure le sport-roi . L’État algérien l’a bien compris et a mis tous les moyens matériels, financiers et humains entre les mains des dirigeants. L’entraîneur Halilhodzic a eu les mains libres pendant trois ans pour former un ensemble cohérent.

Il y est arrivé après bien des péripéties et lui-même l’a déclaré à l’issue de la qualification aux huitièmes :

« Laissez-moi savourer cette victoire venue après bien des peines. »

Cette joie méritée laisse sous-entendre toutes les difficultés rencontrées dans un pays miné par la corruption à tous les niveaux de la société. Il avait fallu épargner l’équipe nationale et ça a été dur durant ces trois années et combien d’entraîneurs « locaux », de dirigeants du football avaient demandé à changer d’entraîneur. Le Bosniaque avait failli partir à l’issue de la Coupe d’Afrique en janvier 2013 où les Fennecs avaient été éliminés dès le premier tour.

L’entraîneur a construit depuis une équipe formée à partir de joueurs évoluant dans les championnats étrangers et c’est le côté attaqué par ceux qui veulent la tête de l’entraîneur. Voici un petit florilège de tout ce que j’ai entendu depuis plusieurs mois :

« Il empêche l’éclosion de talents nationaux, issus du championnat national »

« Il n’assiste à quasiment à aucun des matchs de la division Une nationale »

« Il se considère comme un roi et n’organise aucune rencontre avec les entraîneurs nationaux »

Ces déclarations véhiculées également par une presse loin d’être la meilleure, a amplifié le phénomène qui a joué sur le mental de l’entraîneur qui ne veut pas renouveler son contrat, estimant en avoir vu de toutes les couleurs. La qualification aux huitièmes lui fera-t-elle changer d’avis ? Posera-t-il d’autres conditions ?

Hafidh Derradji, célèbre journaliste et chroniqueur de la chaîne Al Djazira, mis à la porte depuis, prie l’entraîneur de partir afin de ne pas avoir à lever le voile sur tout ce qui fait la négation d’une politique sportive saine en Algérie. Le coach Halilhodzic a su former un groupe, a obligé beaucoup de dirigeants à respecter l’éthique du travail. Nager en eaux troubles est la spécialité de pseudo-techniciens incapables de donner des joueurs  à l’équipe nationale, qui ne font pas dans la formation à long terme. Il est vrai que 16 des 23 joueurs de notre équipe nationale sont nés en France, donc non concernés par le championnat national. C’est peut être là la force d’Halilhodzic : avoir su constituer un groupe qui ressemble à la génération actuelle.

Devant la liesse populaire et l’amour que le peuple algérien porte à son équipe et à son entraîneur, certains pourraient chercher à cueillir « les fruits des efforts de ceux qui bataillent pour réussir » dixit Hafidh Derradji. Quelle que soit l’issue de la rencontre contre l’Allemagne, le contrat du coach Halilhodzic est rempli. Le renouvellera-t-il ? That is the question.

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie


ALGÉRIE – EN IMAGES : Une joie historique à Blida

Ils l’ont fait ! Les Fennecs ont pu se transcender pour offrir la plus belle des soirées partout dans les villes d’Algérie, dans les villages, les hameaux.Et la joie à Blida était incroyable ! / Photos Abdelkrim Mekfouldji

Un parcours presque sans faute avec une courte défaite contre la Belgique, une large victoire contre la Corée du Sud puis ce nul qui avait une valeur d’immense victoire puisque la sélection passait au second tour, une place jamais atteinte.

L’euphorie était à son comble dès l’égalisation par Slimani, le héros du match, l’homme par qui la joie de tout un pays s’exprima d’abord par des youyous stridents sortis des gorges des femmes, les feux d’artifice éclaireront alors le ciel algérien toute la nuit.

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Le match avait pourtant mal commencé avec ce but russe survenu à la 5’  alors que Feghouli se faisait soigner sur la touche pour une blessure à la tête ; c’était trop tôt et quelques uns eurent même peur d’une raclée venant de la Sibérie.

Les joueurs reprenaient confiance, multipliaient les combinaisons et harcelaient sans cesse les buts adverses. La libération surviendra après l’heure de jeu et il s’agissait alors de maintenir ce score. Les joueurs avaient-ils conscience de ce qui se passait dans les chaumières algériennes ? Leurs familles leur raconteront par la suite et ils sauront quel sera leurs poids sur l’état psychologique d’une nation entière collée à leurs résultats dans une Coupe du monde si populaire.

A Blida, les artères étaient illuminées par les feux d’artifice, les phares des voitures, les cracheurs de feu qu’étaient les bombes d’insecticide auxquelles on allumait le feu par intermittence, créant des étincelles attirant la curiosité de groupes entiers.

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Les familles, avec femmes et enfants, étaient dehors jusqu’à une heure tardive de la soirée ; à 3 h du matin, on continuait à défiler, à s’assurer d’être parmi les heureux citoyens témoins d’un grand événement national.

La bande à Hallilhodzic a pu créer cette communion de tout un peuple. La joie et la curiosité sont encore amplifiées par la nature de l’adversaire des huitièmes de finale : une certaine Allemagne qui avait té vaincue en 1982 et qui s’obligea à un match de la « honte » avec l’Autriche pour ne pas se voir éliminée.

La majorité des jeunes qui défilaient n’étaient pas encore nés alors et l’Histoire possède cet air de justice qui pourra se laisser voir lundi à l’issue du premier match des Algériens en huitièmes de finale.

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Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie


ALGÉRIE : La polémique Feghouli n’a pas lieu d’être !

Une photo de Feghouli, diffusée sur les réseaux sociaux depuis hier, crée la polémique. On y voit le joueur algérien avec un drapeau du Maroc. Notre Observateur décrypte cette image.

Cette photo a provoqué des réactions de la part de certains très critiques, estimant que Feghouli n’aurait pas du poser avec ce drapeau. En réalité, si Feghouli a posté cette photo, c’est pour remercier des supporteurs marocains qui ont affiché leur soutien à l’Algérie… en juillet 2013 !

Maghreb des peuples

 

Effectivement, la photo a été publiée il y a un an sur les réseaux sociaux. Voici le tweet original :

 


Que révèle cette photo ?

Les Fennecs font bouger la fibre patriotique des Marocains, Tunisiens et Algériens. L’équipe d’Algérie a su s’attirer la sympathie de toute une région pour ne pas dire de tout le monde arabe, étant son représentant unique dans cette grande fête du football.

 

Marocains et Tunisiens aiment bien se sentir solidaires des Algériens, en dehors des frontières imposées par les Etats ! Si le passage se fait « normalement » avec la Tunisie à travers la vaste frontière est du pays, la situation est toute autre à l’ouest avec la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de la frontière dont pâtissent  les villes frontalières. Il est permis d’aller au Maroc mais par la voie aérienne, aucun véhicule ne passe au sol. Terrorisme, trafic de drogue et, en troisième lieu les différents trafics sur les produits alimentaires et le tabac font que les politiques du côté algérien n’admettent point une quelconque ouverture avant l’étude approfondie du « dossier ».

Ici, on a la démonstration du contraire : le football, magie des peuples, offre cette opportunité de voir les hommes se rapprocher. L’exemple de Feghouli exhibant fièrement le drapeau marocain en est un ! Que cette photo soit à la Une d’un quotidien marocain permet de penser à un rapprochement encore plus certain.

Une victoire contre la Russie -à souhaiter et à espérer- permettrait de donner davantage d’arguments aux adhérents de l’ouverture des frontières et à un rapprochement des peuples… l’Algérie et le football peuvent clairement y contribuer !

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida, Algérie.


ALGÉRIE : Scènes de liesse à Blida pour fêter les Fennecs !

L’Algérie a signé hier soir contre la Corée du sud une victoire historique ! Dès la fin de la partie, à Blida et partout ailleurs dans les villes et villages, enfants, parents, hommes et femmes sont sortis à pied, en voiture, en mobylette, en vespa pour célébrer cette victoire tellement attendue.

L’Algérie est la première équipe africaine a inscrire quatre buts dans un match de Coupe du monde. Les Fennecs signent par ailleurs leur première victoire en Coupe du monde depuis 34 ans.

Le coach algérien a compris la leçon et la pression sur tous les supports médiatiques : toile, journaux écrits, radios et télévision l’avaient prié de laisser les « petits » algériens s’éclater sur le terrain contre les Coréens. Il a entendu le message à la dernière minute et… résultat : tout le monde a attaqué et c’est la télé qui s’était renversée de l’autre côté (pour suivre une idée d’un internaute qui avait « vu » contre la Belgique 22 joueurs dans le camp algérien) en première mi-temps, amenant le score à 3-0.

Le hashtag #Halliloattack semble avoir porté ses fruits puisque des dizaines de milliers de supporters ont demandé un autre schéma tactique, plus en adéquation avec le jeu maghrébin même si le coach algérien avait montré son agacement dans la conférence précédant la rencontre. Il ne cessait de répéter qu’il était seul maître à bord et que c’était lui qui connaissait le mieux ses joueurs.

Sur le terrain,  Feghouli, Slimani, Halliche et tous les autres coéquipiers ont porté haut les couleurs algériennes en allant bombarder le camp coréen. En face, la défense a craqué et les Fennecs se voyaient déjà imiter les Coqs français. C’était presque parfait et la seconde mi-temps fut haletante, crispante, époustouflante avec un Son coréen qui a fait voir de toutes les couleurs à la défense algérienne. Bougherra n’en pouvait plus et du céder sa place à Belkalem. M’bolhi évitera un resserrement du score qui aurait pu être fatal ! Et l’arbitre, irréprochable, libèrera les gosiers algériens, les familles et tous les amoureux de la balle ronde au niveau du pays et même du monde arabe et africain.

Dès la fin de la partie, à Blida et partout ailleurs dans les villes et villages, enfants, parents, hommes et femmes sont sortis à pied, en voiture, en mobylette, en vespa pour célébrer cette victoire tellement attendue.

 

Abdelkrim Mekfouldji, Observateur de France 24 à Blida en Algérie.