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Colombie : quand football est synonyme de violence

COUP DE GUEULE | Les Colombiens attendaient ça depuis 1998, date à laquelle les Cafeteros avaient participé à leur dernière Coupe du monde. Pour la première fois de son histoire, notre équipe a accédé aux quarts de finale. Mais pas sans conséquence. (Crédit photo : Sarah Q from Northern, NJ, United States, Flickr/CC)

Nous les Colombiens, nous adorons tellement le football que nous sommes prêts à n’importe quoi pour le prouver.  Ce Mondial nous a rappelé plus que jamais que le football est un moment durant lequel on se sent un peu plus Colombien. Mais parfois, ça devient une excuse.

Rappel des faits : le 14 juin la Colombie gagne son premier match du groupe C contre la Grèce 3-0. Alors que tout Bogota fêtait la victoire, des scènes de chaos ont été enregistrées dans la capitale :  3 000 bagarres, 150 accidents de voiture et 9 personnes décédées.

En guise de réactions, le maire de Bogotá, Gustavo Petro, a renforcé les contrôles de sécurité lors des matchs contre la Côte d’Ivoire (2-1) et le Japon (4-1). L’achat et la consommation d’alcool ont pour la peine été interdits et les jets de farine ou de mousse ont été prohibés, car ils étaient la principale cause des bagarres.

Vers un renforcement des mesures

On pensait que cela allait suffire, mais peu avant la rencontre avec l’Uruguay, de nouvelles mesures ont été prises. Samedi 28 juin 2014, les autorités ont donc décrété : le couvre-feu dans quelques quartiers, que les motocyclistes ne pouvaient pas voyager avec copilote et que certains véhiculent ne pourraient plus circuler en ville.

Seize écrans géants ultra-sécurisés avaient été installés dans Bogota, et les autorités avaient demandé d’éviter les « petites ruelles » pour voir les matchs. Malgré ces mesures, le bilan est toujours inquiétant : huit personnes tuées à Bogota, cinq blessées, 274 bagarres recensées  et 6 voitures détruites. Après cela, nous avons encore eu droit au énième discours ‘préoccupé’, du maire qui a, une nouvelle fois, invité les citoyens à se conduire avec prudence et responsabilité.

Jusqu’où cela va-t-il aller ?

J’aime bien le football et je vais aux tavernes pour voir les matchs du Mondial, boire quelque chose et bavarder avec mes amis. Quand la Colombie gagne, il est normal de fêter cela. Mais la fête est constamment gâchée par une poignée de personnes.

Le Mondial est une fête, malheureusement certains ne comprennent pas ça. La question que je me pose aujourd’hui, c’est que va-t-il se passer si la Colombie continue son parcours? Combien de morts et de blessés faudra-t-il pour qu’on prenne des mesures draconiennes ?

Alexander Martinez, Observateur de France 24 à Bogota, Colombie


La pensée du jour : « Pauvre Casillas » se disent les Colombiens

La claque reçue par l’Espagne vendredi dernier en a retourné plus d’un. Si en Colombie, on ne s’attendait pas à un tel résultat, c’est surtout un match dans le match qui a été oublié… La pensée du jour par Alexander Martinez à Bogota en Colombie. / Photo Wikimedia

« Nous, les élèves de l’université Nationale de Colombie sommes en train de finir nos études. Il manque des cours, on doit faire des examens et lire des montagnes de livres. Mais on se rencontre à la cantine de l’université pour prendre un pot, bavarder un peu, pronostiquer les résultats et étudier les leçons de phonétique française et d’histoire de Grèce et Rome lorsqu’on voit des matchs du Mondial. « L’équipe Espagnole est vieille et fatiguée. L’âge d’or du football Espagnole est fini », m’avait dit quelqu’un.  Mais jamais je n’aurais imaginé ce résultat presque irréel.

D’autant plus surprenant, que c’est la deuxième fois dans l’histoire de la Coupe du monde que l’Espagne prend une rouste  (en 1950 l’équipe de Brésil l’a battu 6-1 et …) et surtout qu’aucun champion du Monde en titre n’avait jamais débuté en perdant son premier match.

J’ai surtout une pensée pour Iker Casillas… Le gardien espagnol n’était pas loin, avant ce match, d’un record historique. Lors du Mondial 1990, le gardien de but italien Walter Zenga avait battu le record du « clean sheet » (cage inviolée) en évitant de prendre un but pendant  517 minutes.. Jusqu’au match de vendredi, le dernier joueur a avoir inscrit un but au portier espagnol était Rodrigo Millar, joueur chilien qui avait inscrit l’unique but du Chili lors du troisième match de poules. Si Iker Casillas avait gardé sa cage inviolée pendant 85 minutes lors d’Espagne-Pays Bas, il aurait battu ce record. »

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Alexander Martinez est étudiant à l’Université nationale de Bogota en français. Son regard se porte sur l’équipe de Colombie, mais également sur le Portugal et l’Espagne.