Kahofi SUY

Côte d’Ivoire : 10 journalistes privés de Mondial

Dix journalistes ivoiriens ne pourront pas suivre les exploits des Eléphants au Brésil (Crédit photo : Roger Gorączniak, Wikimedia Commons)
Dix journalistes ivoiriens ne pourront pas suivre les exploits des Eléphants au Brésil (Crédit photo : Roger Gorączniak, Wikimedia Commons)

Décidément en Côte d’Ivoire, le milieu de presse n’en a pas encore fini avec les magouilles et les messes basses qui n’honorent pas le journalisme. Le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI) vient en effet de ruiner les espoirs de 10 journalistes sportifs censés rallier le Brésil pour couvrir le Mondial.

Une nouvelle affaire de magouilles vient de ternir l’image du journalisme ivoirien, et le comble de cette dernière péripétie, c’est que ce sont les organisations professionnelles et leurs leaders qui jettent l’opprobre sur la corporation. Ces patrons de presse – ces vieux journalistes qu’on appelle ici « doyens » – nagent sans aucun remords dans le bain de la corruption et de la mauvaise gestion.

Le dernier scandale en date est à mettre au crédit du tout puissant GEPCI, le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire. Cette organisation gérée par un noyau obscur vient de ruiner les espoirs de 10 journalistes sportifs qui devaient rallier le Brésil pour couvrir le Mondial. Je m’en vais vous compter la tentative de vol des patrons du GEPCI qui a conduit à cette situation.

Quand Orange soutient le journalisme ivoirien…

L’opérateur français Orange, dans le cadre de sa politique d’appui à la presse ivoirienne, a décidé d’accompagner un groupe de journalistes sportifs locaux au Brésil. Une dizaine de confrères choisis sur le mérite et la notoriété de leur quotidien.

Ce n’est pas la première fois que le groupe Orange entreprend une telle action. L’opérateur l’a déjà fait pour des éditions précédentes du Mondial ou de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). C’est d’ailleurs sur cette bourse d’appui de l’opérateur Orange aux journalistes que le ministère des Sports a voulu aussi aligner sa prise en charge. L’objectif était d’éviter un double emploi pour permettre à un nombre plus important de journalistes de rallier le Brésil.

80 millions de F Cfa pour prendre en charge 10 journalistes

Pour cette édition du Mondial 2014, le GEPCI, la faitière des grands patrons de la presse ivoirienne, a souhaité gérer le projet de voyage des 10 journalistes. Bonne initiative… sauf que les patrons de presse avaient une autre idée derrière la tête ! La prise en charge de chaque journaliste au Brésil s’élève à 8 millions de francs Cfa, soit un magot de 80 millions.

Un montant trop important pour le déposer dans le porte-monnaie des journalistes sans prélever un éco. Le GEPCI, piqué par le syndrome du vol organisé qui gangrène le journalisme ivoirien a décidé de soutirer 2 millions francs Cfa sur chacune des prises en charge. Soit 20 millions sur les 80 que proposait Orange pour aider les journalistes sportifs.

Retrait de l’opérateur Orange

L’opérateur de téléphonie mobile alerté de la manœuvre a décidé d’annuler son aide. Un geste que je regrette évidemment, puisqu’il prive des journalistes d’un évènement sportif majeur, mais que je ne peux que saluer : pour moi, toute entreprise qui se respecte ne saurait évidemment s’accommoder de telle pratique.

La presse ivoirienne se taille de nouveau une réputation d’antre de la gabegie et cette nouvelle situation de corruption et de vol organisé m’amène à me poser deux questions :

  • Que représente le code de déontologie du journalisme pour les responsables des faitières qui au lieu de donner l’exemple sont les apôtres des caisses obscures ?
  • Jusqu’à quand la presse ivoirienne continuera de vivre au rythme de ce type de scandale ?

Après l’UNJCI, le GEPCI… Quelle faitière sera la prochaine au cœur d’un autre scandale ?

Kahofi SUY, Mondoblogueur ivoirien et Observateur de France 24