Kahofi SUY

Tout Abidjan déçu après la défaite du Brésil

Mardi soir, j’avais la ferme conviction que ma bière allemande aurait un goût plus agréable sur un air de samba lorsque la défaite de la Nationalmannschaft aurait sonné. Supporteur convaincu et confirmé du Brésil, j’étais de ceux qui avaient traité Zico et Pélé d’oiseaux de mauvais augure lorsqu’ils avaient souligné que le Brésil avait une sélection moyenne construite autour d’un seul homme : Neymar. Rien ne m’indiquait que le Brésil pouvait se faire humilier à un tel niveau de la compétition. (Crédit photo : Tânia Rêgo/ABr, Wikimedia Commons)

Quarante-deux matchs sans défaite et aucun revers face à l’Allemagne sur son terrain depuis la première Coupe du monde : ces chiffres me rassuraient énormément.

Ce que j’avais oublié c’est qu’en 1937, face à la Pologne, le Brésil avait déjà encaissé 5 buts ! Mais cette défaite ne pouvait pas se reproduire, j’en étais convaincu. En aucun cas je n’aurais pensé que le Brésil pouvait perdre par un score aussi lourd.

« Te dérange pas, on quitte le bar…« 

Dès le début du match alors que j’étais en reportage, le silence de la ville me rassurait. Si personne ne poussait des cris de joie dans Abidjan c’était certainement parce que le Brésiliens et Allemands étaient au round d’observation. Tout confiant, j’appelle mes amis qui s’impatientaient dans un bar.

Moi : Allo, c’est comment ?

Marcel (mon pote) : Te dérange pas on quitte le bar, l’Allemagne mène 4 à 0…

 Quoi ? Arrête de te foutre de moi… Tu blagues ou quoi ?

Tu m’entends rire ? On rentre !

Sérieux ???

– Oui, 4 à 0 et c’était comme si les Brésiliens jouaient contre un mur. Ils sont incapables de pousser le ballon dans les filets.

A peine descendu à mon carrefour que le premier jeune homme que j’accoste finit de m’assommer. « Vieux père, les gars ont mis un cinquième… », me dit le jeune homme déçu de perdre 20 euros de paris sur cette équipe du Brésil méconnaissable.

Récréation allemande

Oui, elle était méconnaissable comme la Côte d’Ivoire face à la Grèce, mais dans un degré encore plus élevé ! Même des ballons à la limite jetés dans les pieds des joueurs brésiliens ne pouvaient finir dans les filets. Une récréation totale pour les Allemands sur les dernières 45 minutes que j’ai dû regarder la mort dans l’âme.

La demi-finale la plus décevante du Mondial de toute ma jeune vie ! Un match fade et une souffrance inexpliquée de supporteur qui m’a poussé à me poser une seule question : « Qu’est-ce qui n’a pas marché ? »

Le Brésil aurait perdu 1-0, 3-2, 2-1… Je n’aurais jamais été aussi tétanisé par la déception. J’ai bien plus mal que lors de l’élimination de la Côte d’Ivoire, car assister à la défaite d’une équipe qu’on aime autant est un grand moment de douleur.

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France-Nigeria : quand Abidjan confond football et Histoire

Lundi soir, Suy Kahofi a tenté de suivre le match France-Nigeria dans les maquis d’Abidjan. Problème : les discussions des supporters comme les commentaires des journalistes tournaient plus autour de la question du conolonialisme que de celle du football. Un vieux débat qui a eu le don d’agacer notre blogueur. (Crédit photo : fr.zil, Flickr/CC)

« Le football comme tous les sports est facteur d’unité entre les peuples » me disait mon professeur d’Éducation civique et moral en classe de cinquième.

J’aime bien croire en cette quasi-maxime lorsque je regarde un match de football parce qu’après la colère de la défaite, on finit toujours par apprécier la beauté du bon jeu et à saluer les efforts de celui qui remporte le trophée. La Côte d’Ivoire est éliminée certes, mais je sais que de nombreux férus du ballon rond continuent de sortir pour voir les matchs du Mondial dans les maquis et bars de la capitale ivoirienne. Je décide donc de sortir pour vivre l’ambiance France – Nigeria au Rex dans la commune de Cocody.

« Si le Nigeria pouvait les humilier…« 

Grande fut ma surprise lorsque je franchis les portes du lieu. Le débat n’est pas au football ici ! Certains sont sortis avec les drapeaux du Nigeria visiblement pour régler des vieux comptes avec la France. J’entends dire :

« Ceux-là [ndlr : les Français], ils m’énervent à mourir. Si le Nigéria pouvait les humilier je serais très heureux ! »

Et moi de me tourner et de demander au monsieur derrière moi la raison de cette colère d’avant match. « Tu viens d’arriver en Côte d’Ivoire ou bien ? Tu ne sais pas ce qu’ils ont fait ici ? », me demande mon interlocuteur. Je me tais pour éviter d’envenimer la situation. Je croyais qu’il s’agissait de la seule remarque déplacée en plein Mondial que j’allais entendre.

Pour éviter les embrouilles, j’entendais me taire face aux belles actions qu’elles soient françaises ou nigérianes et je décide de changer d’espace. Mais dans le maquis suivant, ce sont les commentaires du journaliste qui vont me couper toute envie de suivre le match.

« La victoire de l’Afrique sur la France« 

J’ai une sainte horreur des commentaires pana-fricanistes lorsqu’il s’agit de sport. « Je vous sais nombreux devant vos postes téléviseurs en Afrique« , et le journaliste de citer pêle-mêle dix capitales et villes africaines avant de conclure : « La victoire du Nigeria sur la France sera la victoire de l’Afrique ».

Les trente premières minutes du match ont été une véritable torture pour mes oreilles. Le journaliste me faisait revisiter mon cours d’histoire du cours élémentaire : colonisation, résistance, nationalisme, immigration, composition multiraciale de l’équipe de France… Ouf ! Peut-on parler de foot ?

Mais diantre qu’est-ce que les Africains ont à toujours remuer le passer quand une équipe africaine joue face à la France ? Excusez-moi mais je ne pense pas avoir vu Benzzma, Pogba, Evra et Giroud avec un casque colonial et une baïonnette. Ils avaient un maillot et des chaussures de sport comme les joueurs du Nigeria. Pour les quelques séquences du match que j’ai pu voir, il me semble bien que la domination a été nigériane sur la grande partie de la rencontre. La France a su profiter de ses occasions pour faire la différence. Je pensais pouvoir trouver un peu de répit sur les réseaux sociaux mais grande fut ma surprise lorsque je me connecte. Je tombe tout net sur ce commentaire :

fr_ng

Vous savez à présent pourquoi je ne suis pas resté devant le téléviseur pour suivre cette rencontre entre la France et le Nigeria. C’est pour éviter d’écouter les discours colonialistes des commentateurs africains… C’est du foot les gars, pas une reconquête de l’Afrique par la France ! Décevant… A la limite et je pense que c’est ce complexe de l’ex-colonisé face à l’ex-colonisateur qui donne à la France l’occasion de battre les équipes africaines. Arrêtons ce débat nauséabond !

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Côte d’Ivoire : la défaite des Eléphants n’a pas fini de faire parler

Après leur débâcle au Mondial et malgré les excuses à la Nation du président de la FIF, l’aventure écourtée des footballeurs ivoiriens au Brésil continue de faire la une des quotidiens en kiosque à Abidjan. Deux principales interrogations sont au cœur des analyses que nous avons pu lire ici à là. La première est relative au maintien des joueurs qui forment la génération dorée Didier Drogba et Yaya Touré. La seconde concerne le sélectionneur qu’il faut à la tête de la future équipe nationale de football de la Côte d’Ivoire. (Crédit photo : Ailura, Wikimedia Commons)

Rien qu’à voir les 100 sélections de Didier Drogba et le nombre d’échecs de sa génération aux phases finales de la CAN, on se rend compte que les onze de Sabri Lamouchi au Brésil sont les mêmes qui écrivent l’histoire de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire depuis  près de 10 ans.

La sélection ivoirienne est donc vieillissante : les joueurs ont pris de l’âge. Les commentateurs du Mondial ont par moment ironisé sur ce détail. Des joueurs qui ont passé la trentaine avec le poids de nombreux matchs se sont retrouvés dans le groupe face à des jeunes dans la vingtaine plus frais. L’embonpoint de Kalou, le petit ventre pointu de Zokora, la fatigue de la 50ème minute de Gervinho… Autant de signes de joueurs fatigués qui ne tiennent plus sur le terrain.

Trouver des nouveaux talents… mais où ?

La moindre course avec des joueurs plus jeune s’achève par une fatigue qui pousse les joueurs ivoiriens à toujours développer un jeu dans leur moitié de terrain pour récupérer. Allons-nous continuer à évoluer au plan international avec des vieux os ? La logique voudrait que cette équipe soit remaniée avec de nouveaux talents mais d’où viendront-ils ?

Ils seront découverts de la même manière que l’a été Didier Drogba. Les talents ivoiriens, jeunes et encore frais ne manquent pas dans les championnats européens. Ils n’attendent qu’une seule occasion pour servir sous le drapeau : que les vieux acceptent de céder le fauteuil.

Capture d’écran de quelques quotidiens ivoiriens depuis la défaite face à la Grèce
Capture d’écran de quelques quotidiens ivoiriens depuis la défaite face à la Grèce

La question d’un nouvel entraîneur

Après le départ de Sabri Lamouchi, de nombreux ivoiriens se demandent qui sera le prochain sélectionneur des Eléphants footballeurs. Plusieurs portraits robots ont été dressés mais de tous, on retiendra qu’il faut à la tête de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire un homme qui sait s’imposer et qui impose la discipline.

Un homme qui aura le mérite de mettre fin à la guerre du brassard, à la guerre des célébrités des onze titulaires, à la pression des listes des compétitions majeures dictées par la Présidence et les barons de la FIF.

Un tel homme existe-t-il quelque part ? Difficile de répondre pour le moment mais une chose est sûre : il faut bien un nouveau sélectionneur à la Côte d’Ivoire et plus vite serait le mieux car les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations sont pour bientôt ! Des noms d’entraîneur circulent déjà. Sur les réseaux sociaux on se mobilise pour le retour de Zahui François pendant que les analystes sportifs font circuler les noms de Hervé Renard ou d’Evram Grant.

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Côte d’Ivoire : Bring back our Zahui !

Les plus sceptiques sont désormais convaincus : Sabri Lamouchi n’est pas et n’a jamais été l’homme qu’il fallait à l’équipe nationale. L’entraîneur imposé par les barons de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) aura démontré encore une fois ses lacunes face à la Grèce et ruiné l’espoir d’une qualification des Eléphants pour le second tour. Se pose désormais la question de sa succession et de l’avenir de la Côte d’Ivoire.

Certes, les joueurs ivoiriens étaient méconnaissables sur le terrain, subissant totalement la domination d’une petite équipe. Mais lorsque vient l’heure du réveil des athlètes sur le terrain, c’est bien à l’entraîneur d’effectuer les bons réglages pour assoir un bon jeu.

Un deuxième but ivoirien était possible

Hélas Sabri Lamouchi ne l’a pas compris et ses décisions hasardeuses ont conduit l’équipe ivoirienne dans le mur. Lorsqu’on subit la pression de l’adversaire et que par le plus heureux des hasards – ou par un sursaut d’orgueil des joueurs – on arrive à réduire le score, il est plus que judicieux de maintenir la cadence en exerçant une pression sur les défenseurs adverses.

Yaya Touré et ses coéquipiers l’avaient compris. Avec le but de Bony Wilfried, l’attaque ivoirienne avait commencé à sortir de sa torpeur pour assiéger le camp de la Grèce. A moins de 15 minutes de la fin du match, un deuxième n’était pas impensable.

Les inexplicables sorties de Drogba et de Gervinho

Malheureusement c’est le moment que choisi Sabri Lamouchi pour sortir coup sur coup deux attaquants, et non des moindres : Drogba Didier et Yao Kouassi Gervais rejoignaient ainsi le banc de touche, comme si le sélectionneur croyait que le match était déjà plié.

Erreur de jugement : la sortie de Drogba a même été saluée par les supporteurs de la Grèce qui voyait l’épouvantail de service quitter le champ. Yao Kouassi Gervais – qui avait en l’espace de 10 minutes retrouvé sa vigueur – le suivait au grand étonnement de tout Abidjan. Que vont faire ces messieurs sur le banc alors que le match entre dans une phase décisive ? La pression aurait été maintenue dans le camp adverse et les Ivoiriens n’auraient pas cherché à défendre, occasionnant un nombre importants de fautes et finalement… le penalty fatal

Lamouchi, critiqué mais pas remplacé

L’erreur de jugement de l’entraîneur a conduit à la défaite car dans un Mondial où plusieurs grandes nations du football sont tombées avant les huitièmes de finale 3 minutes peuvent suffire pour changer le destin d’un pays. La Grèce en joie et la Côte d’Ivoire en pleurs. Mais au fond, c’est bien ce que nous méritons.

Car pendant longtemps cet entraîneur avait fait l’objet de vives critiques sans que jamais personne à la FIF ne s’inquiète. C’est bien dans ces moments d’intense tristesse qu’on se rappelle qu’un homme aurait pu faire mieux. Un homme critiqué parce qu’il a voulu mener cette équipe avec une rigueur militaire pour que la discipline et le sens du travail puissent y régner. Zahui François – qui malgré ses bons états de service – a été remercié en 2012. Même son excellent parcours à la CAN n’a pas empêché la Fédération de le virer. Mais aujourd’hui, certains espèrent son retour : une page Facebook a même été créée pour qu’il reprenne les rennes de la sélection. Elle a récolté à ce jour plus de 14.600 signatures.

Et si le salut venait d’un entraîneur local ?

Moins payé que Sabri, il a pourtant marqué son passage à la tête de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Les journalistes de la presse sportive, à coup de billets enflammés, ont estimé que la Côte d’Ivoire avec ses supers-stars avaient besoin d’un homme plus expérimenté. En lieu et place de Zahui François, Sabri Lamouchi nous a été servi comme une soupe mal cuite.

Un entraîneur avec une expérience avérée remplacé par un jeune stagiaire ! « Nous avons de bons joueurs, Zahui Fronçois ne fait rien d’extraordinaire » me disait un confrère, à qui d’ailleurs je dédie ce billet. Les mêmes bons joueurs entre les mains de Sabri Lamouchi et c’est l’humiliation totale. Trois matchs avec des stratégies de jeux prévisibles et toujours cette manie de faire croire au monde que les cadres de l’équipe n’apportent rien.

La défaite est consommée et la FIF doit en tirer des leçons. Si le salut de notre équipe nationale vient des entraîneurs locaux autant leur faire confiance car à ce que je sache le seul trophée continental que nous avons est estampillé de la griffe de Yéo Martial, un entraîneur ivoirien…

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Côte d’Ivoire : la prime qui fait réagir les réseaux sociaux

Pour motiver les joueurs ivoiriens à battre la Grèce et ainsi accéder aux huitièmes de finale, le président Alassane Outtara leur a promis une prime en cas de victoire. Une décision qui choque dans un pays encore marqué par des difficultés économiques. (Crédit photo : Roberto Stuckert Filho, Wikimedia Commons)

Dans un pays où les éternuements du Chef de l’Etat entraînent une contagion dont la prise en charge se chiffre en milliards, doubler les primes des joueurs au Mondial est une goutte d’eau dans la mer. Un tel geste ne représente rien pour les impôts du contribuable ou même sur la dotation personnelle du président de la République s’il décide de sortir l’argent de sa poche.

La décision du Président Alassane Ouattara de doubler la prime des Eléphants footballeurs en cas de victoire sur la Grèce est une annonce qui réjouit certes les concernés mais déplait sérieusement. En témoigne les réactions lus ici et là sur les réseaux sociaux et les sites d’information en ligne.

« A Abidjan, on nage dans la boue« 

Dans le contexte social de la Côte d’Ivoire, la promesse du Président est à la limite une insulte. Offrir une centaine de millions pour un seul match pendant que les Ivoiriens souffrent au quotidien, voilà ce qui dérange. Dans ce pays, des personnes ont perdu la vie simplement parce que les Centres Hospitaliers Urbains (CHU) n’étaient pas dotés de médicaments. Des mères de familles, bébés en main attendent les pieds dans l’eau l’aide du Gouvernement pour fuir les zones inondée.

Que dire des populations des quartiers précaires à qui l’on propose 150.000 f de prime de logement ? Imaginez-vous ce que pourrait réaliser 50 millions pour ces personnes ? On a de l’argent pour des hommes déjà riches mais rien pour ceux qui vivent dans la misère au quotidien. Ces quelques commentaires illustrent bien l’incompréhension de nombreux ivoiriens :

Gui Roger Cadhyo : « Ouais l’émergence ! Nous on nage dans la boue ici à Abidjan et on va donner les sous à des touristes au Brésil. OK… Tous ceux à qui l’Etat doit de l’argent (enseignants, fournisseurs, combattants démobilisés etc…) l’heure de réclamer votre dû a sonné. ADO à pleins de blés à gaspiller »

Koudou Emmanuel : « L’homme qui dit savoir chercher l’argent et surtout avoir la solution de l’équation magique pouvant transformer la vie des ivoiriens est bel et bien président de la Cote d’Ivoire. Pourtant le quotidien des Ivoiriens se résume en glissement de terrains, inondation, immolation, surendettement. Vouloir se faire une petite pub sachant que lors des matchs les journalistes et consultants feront échos de ses actes superflus. Même les pays riches, développés ne l’ont pas fait, même lorsqu’ils étaient menacés d’éliminatio. J’en veux pour preuve le Japon, le Portugal, l’Allemagne, les USA ».

Lonana Coulibaly : « Mr le PR svp, renoncez à ce geste. Pensez un peu à la souffrance de la population ne serait-ce que pendant ces moments de pluies. Prenez cet argent et engagez plutôt de grands travaux et faites des ouvrages pour l’évacuation des eaux ; cela pourrait réduire le calvaire des populations et sauvez des vies humaines. Pensez aux cris des malades dans nos hôpitaux face au manque des appareils pour leur traitement (scanner, dialyse etc.) Que dire de la dégradation des routes impraticables qui abîment nos petits véhicules, et retenez que nous n’avons pas tous des véhicules 4*4 aux immatriculations D10 ! »

De l’argent pour motiver les joueurs, une obligation ?

Le malaise social auquel il faut trouver une réponse, bien sûr, mais faut-il une motivation pécuniaire pour pousser un footballeur professionnel à mouiller le maillot pour son pays ? A-t-on attendu quelque part que Goodluck Jonathan a promis un seul dollar de plus aux Supers Eagles ? Le Ghana qui développe un jeu aussi séduisant sur le terrain le doit-il à des promesses de primes exorbitantes ? Le patriotisme au sens premier du terme ne se motive pas avec de l’argent. Il s’agit d’une valeur que chaque citoyen développe quel que soit son secteur d’activité et sans que l’argent ne soit au bout de l’effort. Une logique qui se confirme à travers ces commentaires.

Raymond-François N’cho : « Je ne sais pas si vous vous êtes repassé le match du Ghana, mais c’est le cœur et les tripes qui ont parlé. Personne n’a triché et ils ont sérieusement mouillé le maillot pour leur pays. C’est ça, pour moi, des joueurs de qualité qui aiment leur pays ».

Herman Yoboué : « La Côte d’Ivoire vit une vraie crise des valeurs. Quand on voit jouer les Ghanéens avec leurs cœurs, on est fiers d’être Africains. S’il faut le dieu Argent pour que nos footballeurs déjà riches mouillent le maillot, je préfère qu’on donne cet argent du contribuable aux sinistrés des dernières pluies ou à l’hôpital psychiatrique de Bingerville qui fait pitié. Au lieu de chercher à réussir par ce geste, un coup de com à l’échelle planétaire, il est préférable de ne pas oublier que nous sommes un pays pauvre ».

Coup de com ou geste d’altruisme dépourvu de tout calcul, en tout cas la promesse du Chef de l’Etat Ivoirien de doubler la prime des Eléphants rencontre auprès des ivoiriens un succès mitigé. Certains y voient le début de la fin car ces dernières années, chaque fois qu’un ministre, que le Gouvernement ivoirien ou même que le Chef de l’Etat s’est invité à un évènement sportif, les athlètes sont passés à côté de la plaque.

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Côte d’Ivoire : Yaya, Drogba… et le brassard

Quand les Eléphants se battent, c’est l’herbe qui paye les pots cassés ! Et lorsque le brassard de capitaine crée la polémique entre deux pachydermes footballeurs, c’est bien les supporteurs qui subissent.  A peine la rumeur sur les larmes Serey Dié dissipée que les amoureux du ballon ouvrent le débat sur qui mérite réellement de porter le brassard de capitaine. / Montage photos wikimedia.

Entre pro-Yaya et pro-Drogba, c’est la guerre des arguments et surtout des commentaires enflammés sur les réseaux sociaux.

De Zokora à Drogba…

Pour mémoire trois hommes ont porté le brassard de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire ces dernières années. Le doyen Didier Zokora l’arborait fièrement jusqu’à ce que la FIF et le staff d’encadrement décident de le passer à Didier Drogba.

Vive polémique et humeur du capitaine « déchu » ! Contrairement à l’autre capitaine qui cohabite avec dame solitude dans sa cellule au Mali, Zokora écopera d’une sanction disciplinaire et alimentera dans la presse pendant plusieurs semaines le débat sur son esprit d’équipe et sa capacité à accepter d’être dépouillé de son titre de capitaine.

Puis de Drogba à Yaya

Puis vient l’époque Drogba. Dire de lui qu’il est un excellent joueur serait une insulte au Ballon d’or africain. Celui-ci s’impose très vite en développant un jeu marqué par son engagement et sa force de mobilisation. C’est le capitaine qui pousse la balle au fond des filets pour donner l’exemple. Dro’ la star doit pourtant céder le brassard à Yaya, lui aussi Ballon d’or africain et excellent footballeur.

C’est bien ce passage de flambeau sans véritable explication qui choque à la limite les pro-Drogba. Ces derniers restent convaincus que c’est le brassard qui explique en grande partie la nouvelle stratégie de Sabri Lamouchi. Faire asseoir Drogba sur le banc en première mi-temps car sa présence sur le terrain obligerait le capitaine désigné à lui céder le brassard.

Yaya joue, Drogba poirote…et les supporteurs agacés fulminent ! Et ces derniers d’égrainer les raisons pour lesquelles Drogba mérite encore ce brassard. Didier est rassembleur, il motive, donne l’exemple en allant au charbon, ne se laisse pas abattre et pense aux autres sur le terrain.

Une décision présidentielle ?

Face aux arguments en faveurs de Drogba, la question que les pro-Yaya se posent est toute simple : Drogba est-il le joueur qui mérite de porter le brassard ? Ce brassard est-il sa propriété ? D’autres joueurs bien plus méritants ne l’ont-ils pas arboré au fil des années ? Le choix de Yaya n’est donc pas arbitraire et ne répond en rien à la logique du rattrapage ethnique. Cette logique qui fait écrire à certains sites d’information que c’est « sur ordre du président Alassane Ouattara » que Yaya a été préféré à Drogba.

La logique du rattrapage éthique, celle d’un Président nordiste qui préfère un capitaine nordiste ! Est-ce véritablement la raison qui milite en faveur de Yaya ? La FIF et les entraîneurs qui se succèdent à la tête de l’équipe nationale devraient-ils organiser des conférences de presse pour justifier le choix du capitaine ?

Les modérés soutiennent qu’en cette période du Mondial brésilien, la question du brassard qui divise doit être le cadet des préoccupations des Ivoiriens. Des buts et des victoires, voici ce que le peuple doit attendre de leur équipe nationale et non des polémiques inutiles. Plus loin si Yaya et Drogba doivent pourrir l’ambiance au sein de l’équipe nationale au point de conduire à un retour prématuré du Brésil, autant jeter le brassard sur Kopa Barry dans les buts !

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