À Katmandou, la Coupe du monde m’a rendu malade

Article : À Katmandou, la Coupe du monde m’a rendu malade
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4 juillet 2014

À Katmandou, la Coupe du monde m’a rendu malade

Aucun écran géant dans les rues, pas de cris qui risquent de réveiller les anti-foot et pas de bars ouverts après 22 h. Ces deux dernières nuits ont été paisibles à Katmandou. Dans la soirée du mardi 1er juillet, beaucoup craignaient que les deux prochains jours sans match allaient être tristes. Pour moi, cette pause arrivait à point nommé…

Deux jours de repos pour les joueurs encore dans la course pour gagner la Coupe du monde, c’est aussi deux jours de repos pour les supporteurs.

Je sais que les médisants pensent que nous nous fatiguons seulement en levant le coude et en hurlant devant l’écran. Mais en ce moment être amateur de foot, c’est toute une organisation. Particulièrement en Asie.

 

Dhunge dhara à Dhobighat, Lalitpur - La bâche qui sert d’écran géant pour projeter les matchs a été remontée pendant ces deux jours de repos © S.H
Dhunge dhara, Lalitpur – La bâche qui sert d’écran géant pour projeter les matchs a été remontée pendant ces deux jours de repos © S.H

Techniques pour tenir le choc

Depuis le 13 juin à 1 h 45, les nuits de sommeil sont très courtes – à cause de ces 8 h 45 qui séparent le Népal du Brésil. Dans notre Etat zombiesque, il arrive qu’on ne se rende même compte que les journées passent. Je vois néanmoins beaucoup de footeux de Katmandou en grande forme depuis le début de la compétition. Chacun a sa technique pour tenir le choc.

Jenija, animatrice radio, est naturellement enjouée pour suivre tous les matchs de la Coupe du monde. Elle s’était même « entraînée à l’insomnie » et trouve que les jours de repos sont pénibles. Un peu comme Bimal, étudiant et fan du Brésil. Il n’a pas l’intention de manquer un match de son équipe qui, selon lui, gagnera la Coupe du monde. Sa technique est simple : « Pour rester éveillé, il suffit de réviser les cours jusqu’à l’heure des matchs ». Ce qui ne m’explique toujours pas pourquoi il n’est pas sur les rotules en journée – je l’ai rencontré alors qu’il terminait un match de futsal. À cette question, Bimal me répond en haussant les épaules.

J’ai remarqué que quelques malins et malignes invitaient leur patron à suivre les matchs avec eux – la méthode suprême. J’imagine bien un jeune expatrié en train de dire à son supérieur : « Ce soir, on va au bar pour regarder le match de notre pays. Tu viens avec nous ? » On joue sur l’émotionnel et, en plus, on est naturellement excusé pour une petite heure de retard le lendemain matin au boulot.

Abhishek, journalise et enseignant, préfère la jouer raisonnable. « Je rentre à la maison, je prends une douche et je fais une bonne sieste jusqu’à l’heure des matchs ». Et s’il est quand même fatigué, « il reste les congés maladies ». Facile.

Fatigue+vent+travail = …

J’avais opté pour la méthode d’Abhishek (avec quelques ajustements) dès le début de la Coupe du monde. Couché à 21 h 30, je me faisais réveiller par l’alarme de mon XOLO à minuit. Une tasse de café et j’enfourchais le scooter pour parcourir quelques hectomètres pour être devant le grand écran d’un bar à 0 h45. Mais parfois la tentation était trop forte. Il fallait regarder le match de 21 h 45 et celui de 0 h 45. Dans ce cas, pas de sieste possible.

Les nuits katmandaises se sont rafraîchies depuis l’arrivée (tardive) de la mousson. Alors, fatigue accumulée + un petit vent frais nocturne + une journée normale le lendemain = rhume. Et quand on entre dans des bâtiments climatisés après avoir donné quelques coups de pédales sous la chaleur étouffante de Katmandou, ça n’arrange pas les choses.

Même la miraculeuse huile essentielle du Népal, Sancho, n’a pu me sauver de cet état de fatigue. Depuis deux semaines, le Hot Lemon/Honey with Ginger est devenu ma boisson préférée. De temps en temps une goutte (ou deux) de rhum s’est autorisée à se mélanger au breuvage thérapeutique pour être bien sûr de tuer toutes les microbes.

 

Hot Lemon/Honey with Ginger
Hot Lemon/Honey with Ginger, une boisson que l’on retrouve dans tous les bons bars de Katmandou © S.H

Finalement j’ai préféré ralentir prudemment le rythme en préférant le streaming maison aux ambiances de bars pour regarder les matchs. J’ai même sagement (mais péniblement) substitué les matchs tardifs à quelques heures de sommeil.
Finalement, ces deux jours de pause entre les huitièmes et les quarts de finale étaient très attendus. Et pourtant, il paraît que je n’étais pas en forme mercredi soir. « C’est peut-être parce qu’il n’y a pas de match ce soir ? », m’a-t-on suggéré. On dirait que d’une manière ou d’une autre, le football est toujours lié à mon état actuel.

Les commerçants contents de la pause

Ces deux soirées sans match ont aussi été profitables pour ces personnes qui nous permettent d’apprécier la Coupe du monde dans des lieux sympathiques de Katmandou et Lalitpur. Kanhaiya, gérant de l’Arena Sports Lounge de Thamel me disait que même s’il est un grand amateur de football, les deux jours de pause allaient lui faire du bien.

Statut de sofoot.com le mercredi 2 juillet (via Facebook)
Statut de sofoot.com le mercredi 2 juillet (via Facebook)

J’ai suivi le conseil de So Foot pour être en forme ce vendredi 4 juillet qui nous offre un alléchant France-Allemagne. En plus, j’ai l’occasion de m’incruster dans un groupe de supporteurs français.

Ce dimanche 6 juillet commence une nouvelle pause de deux jours dans ce Mondial 2014. Ça aurait pu être un week-end de repos pour les fans de sport. Mais il y a la finale hommes de Wimbledon ce même dimanche. Bien que mon poulain Andy Murray ne soit plus dans la partie, je serai attentif à ce qui se passe sur le gazon londonien – après avoir regardé qui aura reçu le Venus Rosewater Dish la veille, évidemment.

Mais surtout, pendant que le Mondial s’achève, c’est le Tour de France qui commence. Un événement que je peux difficilement manquer. Le sport (à la télé) va me tuer.

►►►Pour retrouver tous les articles de Stéphane HUËT, Mondoblogueur mauricien au Népal, cliquez ici.

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Commentaires

Nathyk
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Intéressantde savoircomment vous vivez l'événement à l'autre bout du monde. Joli billet, Stéphane!